OSMANLI

Le Trente-deuxième Sultan Ottoman

 

Sultan ‘Abd al-‘Aziz

 

Règne : 1277- 1293 (1861-1876)

 

Nom du Père: Mahmoud II.

Nom de la Mère : Sultan Pertevniyal Valide.

Lieu et date de naissance : Istanbul. Le 14 Sha’ban 1245 (8 février 1830).

Âge à l’accession au trône : 31 ans.

Cause et date de décès : Assassinat le (4 juin 1876).

Lieu de décès et de sépulture : Istanbul. Il fut enterré dans la tombe de Mahmoud II dans le Divanyolu, Istanbul.

Héritiers : Youssouf ‘Izz ad-Din, Mahmoud Jalal ad-Din, Muhammad Salim, Muhammad Sevket, ‘Abd al-Majid (le dernier Sultan calife) et Sayf ad-Din.

Héritières : Sultan Saliha, Sultan Nazima, Sultan Asma et Sultan Amina.

 

 

Le Sultan ‘Abd al-‘Aziz vécut confortablement sous le règne de ‘Abd al-Majid, son frère aîné. Au cours de ses années Shehzade, les Ottomans le connurent par sa sérénité et son apparence frappante. Plus tard, il sera perçu par les gens comme un moyen de sortir du désespoir jeté par l’obsession de ‘Abd al-Majid pour la modernisation qui revenait à imiter l’Occident. Considéré comme un Sultan des derniers jours Salim I, le Sultan ‘Abd al-‘Aziz succéda à son défunt frère aîné sur le trône seulement pour trouver l’empire à un moment difficile, le trésor impérial submergé par la dette et un paysage social ottoman toujours en train de mijoter mais bien prêt à déborder.

 

Le Sultan annonça qu’il se joindrait au processus d’économie, une nécessité induite par la crise financière en cours. Il réduisit d’abord les effectifs des fonctionnaires du Palais et d’autres bureaux administratifs, en commençant par ceux qui étaient bien payés malgré le fait qu’ils ne remplissaient pas leurs fonctions. Il réduisit également les dépenses générales du Palais et renonça à un tiers de ses revenus personnels. Bien qu’il n’ait pas été en mesure de démêler la crise financière, les mesures qu’il mit en place semblent avoir apporté un soulagement partiel et une reprise.

 

Le Sultan ‘Abd al-‘Aziz suivit une politique active de développement des relations à l’intérieur et à l’extérieur de son empire. Après le Sultan Salim I, le Sultan ‘Abd al-‘Aziz devint le premier Sultan à visiter l’Égypte le 23 Shawwal 1279 (3 avril 1863). Sa visite reçut un accueil très chaleureux de la part des Égyptiens. L’objectif du Sultan lors de sa visite était de renforcer l’allégeance à l’Empire Ottoman à ces terres qui étaient connues pour leurs rébellions contre l’Empire. Ismaël Bacha, le gouverneur de l’Égypte, bénéficia de la visite du Sultan et le titre de Khédive (Seigneur) commença à être utilisé par Ismaël Bacha et ses successeurs de la même famille que les vice-rois ottomans gouvernant l’Égypte.

 

Le Sultan ‘Abd al-‘Aziz se rendit en France à l’invitation de Napoléon III, ce qui fit de lui le premier Sultan Ottoman à partir à l’étranger pour des raisons de diplomatie et, en fait, le premier calife à visiter le monde chrétien. Il quitta Paris pour Londres après que la Reine de Grande-Bretagne l’ait invité. Son voyage en Europe, qui commença le 18 Safar 1284 (21 juin 1867), comprenait des visites en Belgique, en Prusse et en Autriche, et se termina le 6 Rabi’ ath-Thani (7 août 1867). Bien que le voyage du Sultan ait contribué positivement aux relations diplomatiques, sa vision du monde frugale et sa position contre l’extravagance commencèrent à changer après son voyage.

 

Parallèlement à la crise financière, le plus grand défi pour le Sultan ‘Abd al-‘Aziz fut les révoltes internes agitées par les interventions étrangères. La raison apparente des révoltes était que les non-musulmans étaient mécontents des droits que les édits impériaux leur avaient accordés. Les grandes puissances européennes, qui ne tolèrent pas que l’on s’immisce dans leurs affaires mais qui s’immiscent tout azimut dans celles des pays musulmans pour diviser et corrompre, exploitèrent pleinement ce mécontentement comme moyen d’intervenir dans les affaires intérieures ottomanes.

 

Après la révolte des Grecs de l’île de Crète sous la bannière de l’intégration avec la Grèce, la pression européenne força le Sultan à publier un Code de Règles, appelé Nizamname, qui légitima la mise en place d’une administration spéciale dans l’île cette même année.

 

Le panslavisme, inventé par les Russes comme un outil politique pour contrôler les Slaves orthodoxes, avait conduit à des événements turbulents dans les Balkans. La première rébellion dans laquelle les Russes investirent massivement et déclenchèrent dans les Balkans éclata parmi la population chrétienne de Bosnie-Herzégovine et fut suivie par la révolte bulgare. Tandis que l’Empire Ottoman s’occupait de faire taire ces révoltes, les Serbes et les Monténégrins furent poussés par la Russie à se révolter comme les autres ; cependant, les révoltes furent réprimées en un temps relativement court. Fait intéressant, les révoltes que l’Empire Ottoman contenait sur ses propres terres furent transmises à l’Europe d’une manière délibérée qui conduisit les Européens à croire que « les Ottomans avaient attaqué et massacré les peuples chrétiens. »

 

À Istanbul, Midhat Bacha et l’ancien Vizir commandant de l’armée, Huseyin Avni Bacha, que le Sultan ‘Abd al-’Aziz avait démis de leurs fonctions parce qu’ils étaient considérés comme dangereux pour les intérêts de l’état, cherchèrent des moyens pour détrôner le Sultan. La première étape fut de pousser les étudiants d’Istanbul à se révolter.

À la deuxième étape de leur complot, le Moutarjim (interprète) Rugdu, Huseyin Avni et Midhat Bachas planifièrent leur manière d’exécution pour détrôner le Sultan ‘Abd al-‘Aziz. Ils reçurent une permission religieuse du Grand Juge d’exécuter le Sultan sous prétexte de détruire l’état et les biens, et de gaspiller le trésor des Musulmans. Peu de temps après, le Palais de Dolmabahce fut assiégé par les étudiants de l’Académie militaire commandée par Souleyman Bacha, et en mer par les navires de guerre de la flotte ottomane, dans lesquels le Sultan avait investi et s’était engagé à établir.

 

Huseyin Serasker Avni Bacha amena le neveu du Sultan Shehzade Mourad au Bab-i Seraskeriye, le quartier général militaire du ministère de la Guerre, et organisa sa cérémonie d’intronisation. Le Sultan ‘Abd al-’Aziz et sa famille furent placé au Palais de Topkapi, qui était dans un état misérable car il n’avait pas été utilisé depuis des années lorsque le siège du gouvernement ottoman avait déménagé au Palais de Dolmabahce sous le règne de son frère aîné, le Sultan ‘Abd al-Majid. Après cette réinstallation sous la pluie, qui ne convenait pas à l’honneur du Sultan, fut volontairement transféré au Palais Fer’iye à Istanbul. Craignant pendant deux jours d’être assassiné là-bas, le Sultan passa la plupart de son temps à lire le Qur’an. Il devint encore plus anxieux lorsque son épée lui fut enlevée. Le 11 Joumadah al-Oula 1293 (4 juin 1876), il fut retrouvé dans le Palais Fer’iye, les vaisseaux de ses deux poignets avaient été coupés. Sur la table devant lui se trouvait le Noble Qur’an ouvert à la sourate Youssouf. Après une inspection générale du corps, Huseyin Avni Basha ne permis pas permis un traitement intensif et indiquant les ciseaux dans la pièce, le rapport du médecin nota que la mort d’’Abd al-‘Aziz était un suicide.

 

Onze jours après la mort du Sultan, le Major Hassan Cherkez, le frère de l’épouse du Sultan Kadin Nesh’erek, tua Huseyin Avni Bacha et Rashid Bacha, le Ministre des affaires étrangères, qui, selon lui, avait assassiné ‘Abd al-’Aziz. Cette question reviendra sur le devant de la scène sous le règne de ‘Abd al-Hamid II. Le tribunal d’Yddiz statua alors que l’ancien Sultan avait été assassiné et que les coupables avaient été punis.

 

L’ère du Sultan ‘Abd al-‘Aziz peut être étudiée de deux manières en termes de Grands Vizirs au pouvoir. La période des Bachas ‘Ali et Fouad était très distincte de la période de Mahmoud Nedim et Midhat Bachas. En général, la première période du Sultan fut plus fructueuse en termes de réformes et de diplomatie étrangère.

Malgré la crise financière, le Sultan investit fortement, ouvrit de nouveaux collèges militaires et établit la troisième plus grande flotte navale du monde. La longueur des lignes de chemin de fer passa de 280 à 835 milles. Les voies ferrées commencèrent à être construites entre Istanbul et Paris. Lorsque le Sultan fut informé que les voies pouvaient passer par la cour du Palais de Topkapi, il plaisanta en disant que « les rails peuvent passer par-dessus mes épaules s’il le faut, » représentatif de l’importance qu’il attribue aux chemins de fer et au transport ferroviaire.

 

En tant qu’outil de correspondance le plus important, le télégramme se répandit à travers le pays à tous les départements de l’état, même dans les plus petits districts. En plus de l’enseignement primaire obligatoire pour tous, de nouvelles écoles publiques et artistiques furent ouvertes pour les garçons et les filles.

En réponse à la pression croissante des pays occidentaux, le Sultan ‘Abd al-‘Aziz appliqua une autre politique innovante qui accordait le droit de propriété aux étrangers. Finalement tous les étrangers obtinrent le droit de propriété à l’intérieur des frontières ottomanes, à l’exception de la région sacrée du Hijaz.

 

Les Palais Chiragan et Beylerbeyi sur le Bosphore furent construits pendant le règne de ‘Abd al-‘Aziz, suscitant beaucoup de réactions publiques. La mère du Sultan, Sultan Pertevniyal Valide, parraina la construction de la Mosquée Valide à Aksaray, à Istanbul, et le Sultan reconstruit à Kasimpaga le Jami’ Kabir (la Grande Mosquée), qui avait brûlé.

Le Sultan ‘Abd al-’Aziz était un maître calligraphe, un compositeur à succès, un fin joueur de flûte de roseau et un expert en musique turque. Plusieurs de ses compositions survécurent à ce jour. De plus, il était très intéressé par la lutte et cette lutte traditionnelle turque fut particulièrement fréquentée sous son règne.

 

‘Abd al-‘Aziz considérait le style de vie symbolisé par le concept a-la-franga (« à l’européenne ») comme un signe d’impiété. Il prit l’habitude de lire le Noble Qur’an chaque matin. Le grand public admirait vraiment sa simplicité et son attitude.

 

Le cinquième minaret de la Mosquée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qui n’existe plus aujourd’hui, fut construit sous son règne et appelé ainsi « le Minaret Aziziye. » Le Sultan construisit une mosquée sur le mont Nour (Lumière) à La Mecque et confia à un ingénieur, ministre de l’eau et fournisseur, la tâche de faciliter la distribution de l’eau dans les villes sacrées de l’Islam.

 

Le Sultan ‘Abd al-‘Aziz effectua d’importantes réparations dans les hôpitaux pour les nécessiteux de La Mecque et de Médine et les agrandis avec des bâtiments supplémentaires. La mère du Sultan, Sultan Pertevniyal Valide, paya les dépenses pour employer une équipe médicale de médecins, pharmaciens et chirurgiens compétents dans ces hôpitaux. En outre, les forteresses et les murs de la ville de Médine furent réparés. Un hôtel de ville et une caserne militaire furent également construits dans la ville. La forteresse de Ta’if fut également reconstruite sous le règne de ‘Abd al-‘Aziz. 

 

Dawlah al-‘Ouliyah al-‘Uthmaniyyah

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