OSMANLI

Ensuite, le qadi d’Ibn ‘Othman montra des avis juridiques des savants de leur pays, qui avaient déclaré la mort de Shah Isma’il comme justifiée par la Shari’ah. De plus, Ibn ‘Othman écrivit au Sultan en ce sens : « Tu es mon Père et je te demande de prier pour moi, mais ne te mets pas entre moi et le soufi. »

Ibn ‘Othman écrivit également que rien ne pouvait l’empêcher d’effacer Isma’il Shah de la surface de la terre, « mais ne le fait pas, » a-t-il dit, « cela empêche la paix entre toi et moi. »

 

Ibn ‘Othman aurait envoyé de nombreux cadeaux à al-Ghawri, également au calife et l’émir Soudoun al-‘Ajmi. Le Sultan envoya également de magnifiques cadeaux à l’émir Kabir et après cela, le Sultan délégua l’émir Moghoul Bey Dawadar Sikkin pour se rendre chez Ibn ‘Othman avec une lettre contenant les conditions de la paix.

Il a été rapporté que le Sultan, lors de son entrée à Alep, avait donné instruction au Qadi Kamal ad-Din Tawil de prononcer une khoutbah dans la grande mosquée d’Alep. Une grande congrégation se rassembla. Le Qadi monta en chaire et prêcha un sermon éloquent, citant des traditions sacrées en faveur de la paix.

Les Muezzins appelèrent également des mosquées, et des parties du Qur’an du Sultan furent psalmodiées. Les prédicateurs prononcèrent des sermons, et cela fut observé comme un grand jour dans leur mosquée.

Le Sultan n’assista pas et ni ne fut présent aux prières du vendredi, comme il l’avait été à Damas, ce dont il était responsable. Le Qadi Kamal ad-Din prêcha dans la grande mosquée pendant le séjour du Sultan à Alep.

 

Puis le Sultan fit venir Qasim Bey de Hamah et lui conféra une robe d’honneur. Après que cette nouvelle soit parvenue à Alep, Salim Shah Ibn ‘Othman arrêta l’émissaire du Sultan, l’émir Moghoul Bey, l’un des Dawadar, et l’emprisonna. Le Sultan avait envoyé l’émir Qourt Bey, l’un des principaux émirs, qui avait été gouverneur du Caire, à Ibn ‘Othman avec des cadeaux d’une valeur d’environ 10000 dinars. Il conféra également aux Qadi militaires d’Ibn ‘Othman et son ministre Kharaja Basha une somptueuse robe d’honneur et leur donna la permission de rentrer dans leur propre pays. Ce fut une erreur évidente de jugement de la part du Sultan al-Ghawri que de renvoyer les émissaires d’Ibn ‘Othman avant le retour de Moghoul Bey avec des nouvelles fiables d’Ibn ‘Othman.

Qourt Bey apprit à son arrivée à ‘Ayntab qu’Ibn ‘Othman avait refusé la paix, avait arrêté Moghoul Bey et l’avait mis aux fers. En apprenant cela, Qourt Bey retourna à Alep et informa le Sultan de ce que Salim Shah Ibn ‘Othman avait fait à l’émir Moghoul Bey. Il signala également l’arrivée de l’avant-garde de l’armée d’Ibn ‘Othman à ‘Ayntab, et de leur capture des forteresses de Malatiyah, Bahisna, Qarkar et autres.

L’annonce de cette mauvaise nouvelle de Qourt Bey perturba le Sultan, le peuple et toute l’armée.

 

Le gouverneur et les émirs d’Alep partirent également avec leurs troupes comprenant 5000 fantassins et s’arrêtèrent à une journée de marche de la ville. Vinrent ensuite le chef émir Si Bey, l’adjoint de Damas, Tamraz, le député de Tripoli, Tara Bey, l’adjoint de Safad et les députés de Homs et de Gaza. Leur départ d’Alep eut lieu le 17 du mois Rajab.

 

Une rumeur courut selon laquelle Ibn ‘Othman avançait dans une direction et Ibn Souwar dans une autre. Ensuite, le Sultan donna l’ordre à l’armée de marcher d’Alep et d’occuper Jilan, afin d’engager le rebelle Ibn ‘Othman, disant que lui-même et les émirs suivraient sous peu pour prendre part à la bataille, et que la question serait conformément à la volonté d’Allah.

 

Le Sultan publia un édit impérial au Dawadar contenant des instructions quant à ses sujets. Les Mamalik importés dans les quartiers ne devaient pas molester les gens ni déranger les commerçants. Le Dawadar devait enquêter sur les cas de tous ceux qui se trouvaient dans les prisons, des deux sexes, et libérer les débiteurs et autres, en fait tous sauf ceux emprisonnés pour une infraction capitale.

 

Il envoya également des ordres que si la route vers le Hijaz était libre de bédouins, le pèlerinage à La Mecque devait commencer du Caire, mais que si la route était dangereuse, il n’y aurait pas de pèlerinage cette année-là. Les Mamalik importés devaient se voir interdire de quitter leurs quartiers et d’entrer dans la ville, et quiconque maltraiterait le peuple devait être sommairement traité et pendu. Ces ordres leur furent lus à la citadelle en présence de Takt Bey, l’émir gouverneur.

Le Sultan envoya ses salutations à tous les émirs et les troupes.

 

Le dimanche 3, le Dawadar inspecta les prisonniers en détention et les femmes en état d’arrestation. Il libéra un certain nombre de débiteurs, remboursant lui-même leurs créanciers. Il libéra également un certain nombre de voleurs et ordonna qu’un certain nombre de prisonniers accusés de meurtre soient exécutés et ordonna la détention de certains autres en prison jusqu’au retour du Sultan. Le Dawadar donna également des cadeaux substantiels aux pauvres. Il ordonna que la Khatmah soit lue dans toutes les mosquées du Caire et que des prières soient offertes pour la victoire du Sultan.

 

Le lundi 4, il conféra une robe d’honneur à Youssouf al-Badri et le rétablit à la position qu’il occupait auparavant au Vizirat pour la quatrième fois. Le même jour, des ordres furent émis pour le départ du Hajj vers La Mecque comme d’habitude. Selon la rumeur, il n’y aurait pas de pèlerinage cette année.

 

Un grand nombre de ceux qui étaient avec le Sultan moururent de maladie et à Gaza, Damas et Alep, de nombreux émirs, des membres de la Cour, des serviteurs et d’autres décédèrent de maladies contractées en marche. La confirmation de ces rapports fut reçue au cours de ce mois et la nouvelle que le Sultan, une fois à Alep, promut de nombreux émirs au commandement de mille hommes.

 

Le samedi 16, arriva la nouvelle de la grande catastrophe qui accabla tout le pays. Après une longue absence de nouvelles du Sultan et de son armée, une lettre fut apportée par un messager de l’émir ‘Allan Soub-Dawadar, l’un des principaux émirs, disant que le Sultan croyait et ne croyait pas tour à tour en Salim Shah Ibn’ Othman, jusqu’à ce que finalement Moghoul Bey, Dawadar Sikkin, se trouva dans une situation difficile et ait été privé de ses chevaux, bagages et vêtements.

Il apporta la nouvelle qu’Ibn ‘Othman avait refusé de faire la paix et lui avait dit : « Dit à ton maître qu’il peut nous rencontrer à Marj Dabiq. » Il rapporta également qu’Ibn ‘Othman l’avait mis au fer, avait voulu lui raser la barbe et l’avait envoyé à la pendaison à trois reprises, mais que certains de ses ministres avaient intercédé pour lui. Lorsque le Sultan entendit cela, il réalisa la gravité de la querelle entre lui et Ibn ‘Othman. On dit que le Sultan donna alors à Moghoul Bey mille dinars, des chevaux et des vêtements à hauteur de ses pertes.

 

Entre autres nouvelles du Sultan, il a été communément rapporté par les gens qu’il fit les prières de midi, puis monta, et quitta Alep Maydan le mardi 20 Rajab, accompagné par l’émir des croyants al-Moutawakkil ‘ala Allah, et les quatre juges. Les députés de Damas, d’Alep et un certain nombre d’autres députés l’avaient déjà précédé avec l’avant-garde, accompagnés de tambours, de fifres et d’artilleurs, de sorte qu’Alep résonna de bruit et d’excitation.

 

Après son départ d’Alep, le Sultan se rendit à Haylan ou il s’arrêta puis le 21 au matin, il quitta Jilan et se rendit à Marj Dabiq, et y resta jusqu’au 25. Ce dernier fut un jour de malchance constante. Il fut soudainement surpris par la présence d’un corps de troupes de Shah Salim Ibn ‘Othman. Le Sultan fit les prières matinales, monta et se rendit à Zaghzaghin et Tall al-Far, où se trouvait la tombe présumée du Prophète Daoud (‘aleyhi salam).

Il enfourcha sa monture, vêtu d’un turban léger et d’un manteau, portant une hache sur son épaule et inspecta l’armée en personne ; dans l’aile droite se trouvait l’émir des croyants, également vêtu d’un turban léger et d’un manteau, portant une hache sur l’épaule comme le Sultan, et la bannière du calife au-dessus de sa tête. Autour du Sultan, portés à la tête d’un corps de nobles, quarante exemplaires du Qur’an dans des étuis de soie jaune et l’un d’entre eux était la copie de l’Imam ‘Othman Ibn ‘Affan (radhiyallahou ‘anhou). Il y avait également autour de lui un corps de derviches, parmi lesquels se trouvaient le successeur de Sayyid Ahmad al-Badawi, le fondateur de la secte soufie, accompagné de banderoles. Il y avait aussi les chefs de la secte des Qadariyyah avec leurs banderoles vertes, le successeur de Sayyidi Ahmed ar-Rifa’i avec ses banderoles, et le Sheikh ‘Afif ad-Din, employé dans la mosquée de Sayyidah Nafissah avec des banderoles noires. Aux côtés du calife se trouvait le jeune Qasim Bey Ibn Ahmad Bey Ibn ‘Othman et selon certaines autorités, il avait au-dessus de sa tête un drapeau jaune, selon d’autres un drapeau de soie rouge. L’étendard royal suivait environ 20 mètres derrière le Sultan, et sous lui marchaient les chefs des Mamalik, Sounboul al-‘Othmani, les quatre juges, et l’émir Tamr az-Zardkash, l’un des principaux émirs. Sur le flanc droit des troupes se trouvaient l’émir Si Bey, le député de Damas, et sur le flanc gauche Khayr Bey, le député d’Alep.

Selon certaines autorités, le premier à s’être engagé dans la bataille fut l’Atabek Soudoun al-‘Ajmi, avec Malik al-Oumara Si Bey, le député de Damas, et les Mamalik Qaranisah. Ceux-ci, accompagnés d’un certain nombre de représentants, combattirent désespérément et mirent en fuite les troupes d’Ibn ‘Othman, infligeant de terribles pertes et capturant sept étendards, des canons et des mousquets.

 

Au début, l’armée d’Egypte sembla victorieuse cependant un rapport serait parvenu aux Mamalik Qaranisah selon lequel le Sultan avait ordonné aux Mamalik importés de ne pas entrer dans l’action mais de laisser les Qaranisah Mamalik se battre seuls, ce qui atténua leur ardeur. Pendant ce temps, l’Atabek Soudoun tomba, Malik al-Oumara Si Bey, le député de Damas et une grande partie du flanc droit fut vaincu. Cela fut suivi par la fuite de Khayr Bey, le député d’Alep, et la défaite du flanc gauche, l’émir Qansouh Ibn Sultan Chirkass fut fait prisonnier, et d’après certains tué. De plus, Khayr Bey aurait été secrètement lié avec Ibn ‘Othman contre al-Ghawri, un rapport qui fut confirmé plus tard. Il fut d’ailleurs le premier à s’enfuir devant toutes les troupes et proclamer la défaite. Toutefois, cette perte fut infligée aux troupes égyptiennes par la volonté d’Allah Exalté en exécution de Ses décrets.

 

Le Sultan se trouva alors sous le drapeau avec un petit corps de Mamalik, et commença à crier : « Il est maintenant temps de vous montrer des hommes et de montrer votre bravoure. Mais personne ne l’écouta, et ils commencèrent à le quitter, tandis qu’il disait aux savants d’implorer Allah pour la victoire. Cependant, aucune aide ou secours ne vint. Le cœur du Sultan devint un charbon brûlant inextinguible. La journée aussi était extrêmement chaude, et une telle poussière s’éleva entre les armées opposées qu’elles purent à peine se voir.

La colère d’Allah s’embrasa contre les troupes égyptiennes, leurs mains semblaient être enchaînées pour qu’elles ne puissent pas se battre et leur vue leur fit défaut.

Lorsque la confusion et la terreur augmenta, l’émir Tamr az-Zardkash craignit pour la sécurité de l’étendard du Sultan, il l’abaissa, le replia et le cacha. Puis il s’approcha du Sultan et lui dit : « Ô roi et maître, les troupes d’Ibn ‘Othman sont sur nous, sauve-toi et retourne à Alep. » Quand le Sultan comprit cela, une sorte de paralysie s’abattit sur lui, qui affecta un côté et fit tomber sa mâchoire. Il demanda de l’eau et on lui en apporta dans une coupe en or, dans laquelle il but un peu. Alors, dans l’intention de s’enfuir, il fit demi-tour, fit quelques pas, tomba de cheval, resta un moment debout et mourut sous le choc de sa défaite. On rapporta que sa vésicule biliaire éclata et que du sang rouge coula de sa gorge.

 

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