BANU UMAYYAH

Les défaites successives des armées d’Iraq devant les khawarije

 

Après cette nouvelle défaite, al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafih prépara une troisième armée à la tête de qui il nomma Jazl Ibn Sa’id Ibn Shourahbil Ibn ‘Amr al-Kindi à qui il demanda d’agir sans précipitation.

Jazl Ibn Sa’id avec quatre-mille cavaliers alla à la rencontre de Shabib qui étaient en compagnie de cent-soixante khawarije. L’armée de Koufa stationna à Dayr Yazdajard     et il eut lieu entre les deux groupes différents affronts qui ne donnèrent lieu à aucune victoire pour aucun des deux groupes.

Puis Jazl Ibn Sa’id rattrapa Shabib à Narhawan après qu’al-Hajjaj l’eut réprimandé pour avoir arrêté la lutte et lui ait demandé de poursuivre la confrontation avec Shabib et il envoya Sa’id Ibn Moujarid pour le remplacer à la tête de l’armée.

 

Il était obligatoire de faire face aux khawarije avec toute la volonté et la force possible parce qu’ils créaient trop de problèmes pour la stabilité de l’état et le détruisait de l’intérieur tandis que les gens étaient effrayés à leur simple mention.

Le trésor public devait impérativement faire de large dépense s’il voulait en finir avec eux et les rentrées d’argent pour l’état devenaient faibles car les gens refusaient de travailler, et particulièrement les fermiers, à cause de la crainte qu’ils éprouvaient envers les khawarije qui les terrorisaient.    

Sa’id Ibn Moujarid n’était pas l’homme qu’il fallait pour combattre les khawarije du fait qu’il ne connaissait rien de ses ennemis ni même comment les combattre. Après les avoir encerclés dans une ville du nom de Qatityah, Shabib ordonna aux khawarije de concentrer leur attaque sur Sa’id et de le tuer.

Une partie de l’armée de Koufa s’enfuit, en laissant Sa’id Ibn Moujarid qui résista à leur attaque mais Shabib s’avança et le frappa de son sabre à la tête et le tua. Les khawarije tuèrent un grand nombre d’entre eux tandis que le reste s’enfuit et rejoignit Jazl qui était resté dans le camp comme lui avait ordonné Sa’id.

Jazl Ibn Sa’id monta sur son cheval avec un groupe de ses compagnons et alla combattre les khawarije à son tour. Il combattit farouchement jusqu’à être grièvement blessé. Ses compagnons réussirent à le sortir de la bataille et l’emmenèrent à Mada’in tandis que le reste de l’armée s’enfuit à Koufa.

 

Après avoir battu une nouvelle fois les armées d’al-Hajjaj, Shabib traversa le Tigre et marcha sur Koufa ou se trouvait l’émir de l’Iraq. Al-Hajjaj lui envoya à nouveau mille cavaliers commandés par Souwayd Ibn ‘AbderRahmane Tha’ji at-Tamimi.

At-Tabari a dit à propos de cette armée : « Ils sont sortis à la rencontre de Shabib, la mort dans l’âme ».

Al-Hajjaj arma ‘AbderRahmane Ibn Qatan Ibn ‘Abdillah Ibn Houssayn Ibn Dzil Qoussah qui sortit avec une armée des gens de Koufa terrifiés et établirent leur camp à Sabakhah non loin de Koufa.  

Souwayd Ibn ‘AbderRahmane motiva les gens à l’expulsion de Shabib qui fit souffrir cruellement tous les gens qu’il trouva sur son chemin, y compris les bédouins.

Al-Hajjaj décida de quitter Koufa pour Basra et il nomma ‘Ourwah Ibn Moughirah Ibn Shou’bah émir de Koufa. Mais les gens avertirent ‘Ourwah que Shabib était en route pour Koufa et il envoya un messager à al-Hajjaj qui revînt aussitôt à Koufa pour faire face à la menace des khawarije.

Il arriva à l’entrée de la prière de la mi-journée, puis il rejoint les armées qu’il avait envoyées à Sabakhah ou il arriva à l’heure du crépuscule.

 

Shabib entra dans Koufa ou il ne trouva personne pour l’arrêter. Il alla au palais du gouverneur et endommagea la porte avec une barre de fer. Puis il alla à la mosquée de Koufa ou lui et ses partisans tuèrent les employés de la mosquée.

Ensuite, ils sortirent de la mosquée et allèrent voir le chef de la police d’al-Hajjaj, un homme des Bani Shayban nommé Hawsham, qui s’enfuit avant leurs arrivées. De là, ils allèrent à la mosquée des Bani Dzoul Shayban ou ils rencontrèrent Dzoul Ibn Harith qui avait fait la prière dans la mosquée de son clan et retournait chez lui.

Lorsqu’ils voulurent le tuer, il leur dit :

– « O Grand seigneur, je me plains auprès de Toi de ces gens-là et de leurs injustices et de leur ignorance. O Grand Seigneur je ne peux rien faire contre eux, sauve-moi d’eux ! » Et ils le tuèrent.

Shabib et les khawarije quittèrent Koufa et se dirigèrent de nuit vers al-Mardamah, une montagne des Bani ‘Amir.

 

Après tous ces évènements al-Hajjaj appela les gens, et le premier d’entre eux à venir fut ‘Uthman Ibn Qatan accompagné de ses servants et d’un groupe de son clan. Al-Hajjaj prépara quatre armées pour combattre Shabib et les khawarije.

Il nomma et envoya Bishr Ibn Ghalib Ibn Malik Ibn Jounadah al-Assadi à la tête de mille soldats, Zayd Ibn Qoudamah ath-Thaqafi avec mille guerriers, Abi Dourays le serviteur des Bani Tamim avec mille guerriers esclaves et A’yan le serviteur de Bishr Ibn Marwan avec mille autres combattants.

Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah Ibn ‘Oubaydillah at-Tamimi al-Qourayshi, ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz al-‘Abshami al-Qourayshi et Ziyad Ibn ‘Ataki al-Azdi se joignirent aussi aux armées d’al-Hajjaj.      

Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah était en route pour le Sijistan. ‘Abdel Malik Ibn Marwan venait de le désigner comme gouverneur pour cette région et lui avait demandé de passer par Koufa pour demander à al-Hajjaj de lui fournir deux-mille cavaliers mais vu la délicate situation où il se trouvait, al-Hajjaj demanda à Muhammad Ibn Moussa de les aider à combattre les khawarije avant de se diriger vers le Sijistan.

L’armée conduite par Muhammad Ibn Moussa, ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah et Ziyad Ibn ‘Ataki était commandée par sept commandants.

Shabib et ses partisans se préparèrent pour le rencontre avec cette grande armée et marchèrent vers al-Qadissiyah. Al-Hajjaj lança à leur poursuite mille-huit-cent cavaliers commandés par Zahr Ibn Qays pour les intercepter et tuer Shabib.

Lorsque les deux groupes se rencontrèrent, comme d’habitude Shabib les battit et l’armée envoyée par al-Hajjaj s’enfuit du champ de bataille car Zahr avait été grièvement blessé et s’était effondré de son cheval si bien que les gens croyaient qu’il avait été tué. Quand la nuit arriva, il retrouva ses esprits et put rejoindre un petit village d’où il put après rejoindre al-Hajjaj et l’informa de ce qui était arrivé.

 

Les khawarije voulurent attaquer l’armée commandée par les quatre commandants qui campait à Rawd al-Bar. Al-Hajjaj leur envoya un messager pour les avertir que Shabib était en route pour les affronter et il nomma Zayd Ibn Qoudamah commandant en chef de cette armée en cas de bataille avec l’ennemi. Ainsi l’armée put se préparer pour l’affrontement.

La bataille commença et Souwayd Ibn Soulaym attaqua l’aile droite de l’armée de Koufa commandée par Ziyad Ibn ‘Ataki al-Azdi qui tint ferme l’assaut. Puis l’aile subit un second assaut et tint encore ferme et au troisième assaut Souwayd rompit l’aile droite.

Ziyad Ibn ‘Ataki combattit farouchement les khawarije. Il reçut plusieurs blessures et put se retirer sauf du champ de bataille.    

Ensuite, les khawarije attaquèrent ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Amir qui rompit à la première attaque. ‘Abdillah Ibn ‘Amir s’enfuit et rejoignit Ziyad.      

Tous ceux qui s’enfuirent et se retirèrent de la bataille vinrent grossir les rangs de Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah qui fut attaqué par Sad Ibn Yazid ash-Shaybani, le frère de Shabib, qui attaqua l’aile gauche de l’armée de Koufa commandée par Bishr Ibn Ghalib al-Assadi.

L’aile fut dispersée tandis que Bishr avec cinquante de ses hommes tint ferme l’assaut et repoussa attaque après attaque jusqu’à qu’ils fussent tués.

Les khawarije continuèrent sur leur lancée et attaquèrent successivement le groupe sous le commandement d’Abi Dourays qui fut aussi vaincu et ils enfoncèrent celui de A’yan, le serviteur de Bishr Ibn Marwan. Puis les khawarije se retrouvèrent face au groupe commandé par le commandant en chef des armées Zayd Ibn Qoudamah ath-Thaqafi.

Zayd Ibn Qoudamah descendit de son cheval avec ses hommes et ils combattirent ainsi jusqu’à la nuit ou il fut tué par Shabib.

Abi Dourays, A’yan se sauvèrent chez al-Hajjaj tandis que Shabib ordonna aux khawarije d’arrêter le combat et il demanda au restant de l’armée de Koufa de lui porter allégeance ce qu’ils firent pour se protéger de leur mal.

 

Lorsque la prière de l’aube fut imminente, Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah, et un groupe de ses hommes qui n’avait pas fui et patienté lors des successifs affrontements, demanda à ce qu’on fasse l’Adhan[4].

Quand Shabib entendit l’appel, il demanda :

– Quel est cet appel, qui a fait cet appel sans l’autorisation du commandant de l’armée ? Les khawarije écoutèrent la source de l’appel et dirent :

– C’est Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah.

Alors Shabib fit à son tour l’appel à la prière et dirigea la prière en commun. Puis les khawarije l’attaquèrent jusqu’à ce que Muhammad Ibn Moussa et ceux qui étaient avec lui furent tués.

Shabib ne voulut pas le tuer et lui demanda de quitter le champ de bataille mais Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah refusa et préféra le combat. Batil, puis Qa’nan et Souwayd des khawarije lui proposèrent un duel mais il refusa et proposa à Shabib un duel qui accepta. Il se présenta avec une lourde barre de fer et frappa violemment Muhammad Ibn Moussa sur la tête et lui fendit le crâne. Puis il le couvrit d’un linceul et l’enterra.

Ensuite Shabib racheta aux khawarije que qu’ils avaient pris en butin du camp de Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah Ibn ‘Oubaydillah et l’envoya à la famille de Muhammad Ibn Moussa. Il dit aux khawarije : Il était mon voisin à Koufa et il est licite de donner aux apostats du butin.

Shabib a donné cette fatwa du fait qu’il voyait Muhammad Ibn Moussa comme son voisin non musulman et un apostat, Gloire à Allah !

Les gens de l’armée de Koufa qui avait porté allégeance à Shabib, profitèrent que les khawarije étaient occupés à combattre Muhammad Ibn Moussa pour tous s’enfuir.    

 

De nouveau après toutes ces successives défaites, al-Hajjaj prépara une nouvelle grande armée bien équipée avec le reste des soldats qu’il avait déjà auparavant envoyé. Mais ni le nombre et ni la force peut donner la victoire à une armée tant que l’armée n’a pas la volonté et la conviction de gagner la bataille.

Al-Hajjaj nomma ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi à la tête de cette nouvelle armée qui comprenait six-mille combattants et lui ordonna d’aller combattre Shabib et de l’expulser. Il lui ordonna que s’il décidait de camper de creuser une tranchée autour du camp et de mettre des gardiens pour éviter d’être pris par surprise par les khawarije.

Puis, al-Hajjaj changea d’avis et nomma ‘Uthman Ibn Qatan commandant de cette armée en remplacement de ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at.

 

Savez-vous combien étaient les khawarije ?

Bien que cela peut sembler incroyable, ils étaient au nombre de cent-quatre-vint-et-un seulement ! Et l’armée d’en face six-mille !

Mais vous pouvez considérer ces six-mille ensemble (jami’an) mais leurs cœurs divisés (qouloubouhoum shattah) !

 

Shabib traversa le fleuve Houlayah et voilà ce que dirent les historiens : « Les armées pourtant si inégalement partagées se rencontrèrent et l’armée d’Iraq combattit férocement, tint ferme et résista mais Allah avait décidé d’un ordre prescrit ».

Les chefs de l’armée d’Iraq furent tués. ‘Uthman Ibn Qatan descendit de son cheval et combattit jusqu’à la mort. Quant à ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at, il réussit à s’enfuir avec une poignée de ses gens et fit parvenir aux autres qu’il se dirigeait vers Dayr Maryam.

Puis Shabib ordonna l’arrêt des combats. Il demanda au reste de l’armée d’Iraq de lui porter allégeance et il fut obéi. Une partie de l’armée s’était auparavant enfuit vers Koufa et lorsque ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at revint à Koufa, il se cacha de crainte de rencontrer al-Hajjaj. Ce n’est que lorsqu’il obtint la sécurité pour sa vie qu’il sortit de sa cachette. Mais qu’aurait pu lui faire al-Hajjaj du fait que toutes les armées qu’il avait envoyé furent battues.

 

 

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