BANU UMAYYAH

Al-Hajjaj est nommé gouverneur d’Iraq

 

En l’an 74 de l’Hégire (693), décéda Bishr Ibn Marwan et on a rapporté que sa mort eut lieu à la fin de cette année. Il a aussi été rapporté qu’il mourut en l’an 73 de l’Hégire (692) mais la première information semble meilleure.

Bishr Ibn Marwan envoya avant sa mort, al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi combattre les khawarije. ‘Abdel Malik Ibn Marwan envoya une lettre à al-Hajjaj Ibn Youssouf à Médine qui le nommait gouverneur de l’Iraq et ce dernier quitta Médine avec douze de ses compagnons sur des chameaux et rentra dans Koufa de jour au mois de Ramadan de l’année 75 de l’Hégire (694). Il a aussi été rapporté qu’il arriva à Koufa avant le mois de Ramadan.

Il alla directement à la mosquée et monta sur le minbar ou il fit un discours.

 

L’Imam at-Tabari a rapporté : « Lorsqu’al-Hajjaj, coiffé d’un turban rouge remonté sur sa figure et ne laissant apparaitre que les yeux, monta sur le minbar et resta silencieux. Les gens crurent qu’il était avec ses amis des khawarije. Muhammad Ibn ‘Oumayr Ibn Dabih at-Tamimi se leva pour lui jeter des cailloux mais al-Hajjaj se leva, retira le pan de son turban qui couvrait son visage et dit : « Par Allah je viens avec le mal, je me protège et je récompense avec lui. Je ne vois que des regards levés vers moi, des cous tendus, des têtes mûres et bonnes à couper. Il me semble déjà voir le sang couler et se répandre sur les turbans et les barbes. O gens d’Iraq, je ne suis pas un homme facile et je fais peur. Méfiez-vous et tenez-vous sur le droit chemin. Si vous marchez droit, tout ira bien mais si vous prenez des chemins détournés, vous me trouverez en observation à chaque embuscade ; et par Allah je n’épargnerai aucune erreur et n’écouterai aucune excuse. Quiconque d’entre vous sera pris en faute sera durement châtié. Tous ceux qui se trouvent ici alors qu’ils devraient être avec al-Mouhallab ont trois jours pour quitter la ville. Après cela, ils seront pourchassés et tués ou qu’ils se trouvent et leurs bien partagés ». Puis al-Hajjaj descendit du Minbar, sortit de la mosquée et rentra chez lui.

Muhammad Ibn ‘Oumayr Ibn Dabih at-Tamimi ne réalisa pas tout à fait ses menaces.

 

Trois jours après son arrivée al-Hajjaj entendit les gens pousser des Takbir dans le marché. Il alla dans la mosquée, monta sur le minbar et dit : « Ô gens d’Iraq (‘iraq), ô gens de la discorde (shiqaq), ô hypocrites (nifaq) et abjectes personnes (massawil akhlaq) ! J’ai entendu des Takbir et les Takbir ne sont pas pour ceux qui satisfont Allah après avoir été exhorté mais pour celui qui Le satisfait par crainte. Je jure par Allah, que j’ai peur de vous affliger une si cruelle punition qu’elle sera un exemple pour ceux qui vous ont précédé et une leçon pour ceux qui viendront après. Je ne suis pas faible. On m’a choisi pour ma sagacité et mon expérience. Mais vous, par Allah, je veux vous dépouiller comme le bois de son écorce, vous tailler comme les branches, vous frapper comme des chameaux qui s’écartent du troupeau et vous briser comme les pierres. O gens d’Iraq, depuis trop longtemps vous suivez le chemin de l’erreur et marchez dans les voies de la perdition ; vous êtes devenu des criminels et vous persévérez dans l’ignorance. Esclaves du bâton et fils d’esclaves, en vérité, si je promets, je tiens et si je rase, j’écorche la peau. Plus de rassemblements, ni de réunions, plus de bavardage inutile et cessez de demander : « Que se passe-t-il, qu’est-il arrivé ? » En quoi cela vous importe ? Que chacun d’entre vous s’occupe de ses affaires, et malheur à ceux qui deviendront ma proie ! O gens d’Iraq ! Demeurez unis et fidèles. Marchez droit devant vous, sans vous détourner de votre route et suivez vos chefs. Sachez que je n’aime ni me répéter, ni causer, pas plus que je n’aime en vous la fuite et les désertions. Une fois ce sabre hors du fourreau, il n’y rentrera plus, ni l’hiver, ni l’été, jusqu’à ce que le prince des croyants ait, avec l’aide d’Allah, redressé ceux d’entre vous qui marchent de travers, et humiliés ceux qui s’insurgent. J’ai vu et je sais que la sincérité est associée à la vertu, et que la vertu mène au ciel, de même que le mensonge accompagne le crime, et que le crime conduit au feu éternel ».

‘Oumayr Ibn Dabih Ibn al-Harith al-Bourjoumi at-Tamimi se leva pour lui répondre. Et si vous vous rappelez, cet infâme ‘Oumayr est celui qui piétina et cassa une côte à l’émir des croyants ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) après qu’il fut tué et qu’il était allongé sur son lit de mort pour la prière funéraire. Et Allah le Très Haut le fit tomber entre les mains d’al-Hajjaj quarante années après.

‘Oumayr Ibn Dabih répondit à al-Hajjaj :

– « Qu’Allah protège l’émir! Je suis un vieil homme et j’ai plusieurs enfants. Prends celui qui me ressemble le plus pour me remplacer dans l’armée ».

Ambassah Ibn Sa’id Ibn ‘As dit à al-Hajjaj :

– « Sais-tu qui il est ? »

– « Non », répondit al-Hajjaj.

– « Il est un de celui qui tua l’émir des croyants ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) » et al-Hajjaj dit à ‘Oumayr :

– « Ô ennemi d’Allah, ta mort sera l’expiation de celle de ‘Uthman » et il ordonna que son coup soit tranché.

Et un homme annonça au gens :

– « ‘Oumayr Ibn Dabih est resté après trois jours bien qu’il a entendu l’avertissement. Il a donc été tué». Après ce jour les soldats qui doivent être avec al-Mouhallab ne sont plus protégés ». Il est dit que cette nuit quatre-mille soldats effrayés quittèrent la ville.

Lorsqu’al-Mouhallab les vit arriver, il dit : « Aujourd’hui est arrivé en Iraq un homme terrifiant ».        

‘Oumayr Ibn Dabih était un des chefs des Bani Tamim de Koufa et al-Hajjaj ne reconnaissait ni les Bani Tamim ou autres qu’eux.

 

 

Un jour un envoyé vint leur délivrer et lire une lettre du calife, il dit : « Ceci dit (amma ba’d) : Que la paix soient sur vous. Je louange Allah pour vous » et al-Hajjaj de lui dire :

– « Arrête-toi ô serviteur du temps ! L’Emir des croyants vous salue et pas un seul d’entre vous ne lui rend son salut ? Ceci est la politesse d’Ibn Mouhayyah. Par Allah je vous vous apprendre une politesse autre que la sienne ! Recommence ta lecture dit-il au lecteur ! »

Lorsqu’il répéta : « amma ba’d, as-salamou ‘aleykoum » pas un seul de ceux qui étaient présent, terrifiés par la réplique d’al-Hajjaj, omit de répondre :

– « Et que la paix et la miséricorde soient sur l’émir des croyants ! »

 

 

En l’an 75 de l’Hégire (694), Muhammad Ibn Marwan s’opposa aux Romains qui sortirent de Mal’ich, une ville d’Arménie.

 

Cette même année, Yahya Ibn Hakam Ibn Marwan fut nommé gouverneur de Médine en remplacement d’al-Hajjaj et au mois de Joumadah Awwal de l’année 75 de l’Hégire (694), les Byzantins attaquèrent al-A’maq près de Mar’ash avant d’être rejoint par Muhammad Ibn Marwan qui leur infligea une lourde défaite.

 

 

‘Abdel Malik réforme la frappe de la monnaie

 

Cette même année, ‘Abdel Malik Ibn Marwan ordonna que les dinars et les dirhams soient gravés et il fut le premier à la faire. Les unités préislamiques de poids (mithqals) utilisées par ‘Abdel Malik pour ses pièces furent de vingt-deux Qirats.

 

Hilal Ibn Oussama demanda à Sa’id Ibn al-Moussayab de combien devrait être la Zakat sur les dinars, et il dit :

– « Pour chaque vingt mithqals[3] en poids syrien, un demi-mithqal ».

– « Pourquoi Syrien plutôt qu’Égyptien ? »

– « C’est par le Syrien que les dinars sont frappés, et cela était son poids avant que les dinars soient frappés : ils étaient vingt-deux qirats moins un Habbah dit Sa’id, je le sais que, parce que j’avais envoyé des dinars à Damas, et ils ont été frappés à ce poids ».

 

 

L’Imam Ibn Kathir a rapporté qu’al-Mawardi a dit dans son livre « al-Ahkam as-Soultaniyah » : « Il y a une divergence concernant le premier à avoir frappé la monnaie arabe en Islam. Sa’id Ibn al-Moussayab a dit : «‘Abdel Malik Ibn Marwan ordonna que le dirham soit gravé, quant aux dinars, ils étaient Romains ou à l’effigie de Chosroês ». »

 

Abou az-Zinab a dit : « Les inscriptions furent faites en l’an 74 de l’Hégire (693) ».

 

Al-Mada’ini, quant à lui, a dit : « En l’an 75 (694), et dans les différentes contrées en l’an 76 de l’Hégire (695). Puis il mentionna, que sur une face était gravé : « Allah Unique » (allahou ahad) et sur l’autre : « Allah l’Indispensable » (allahou as-samad) ».

 

Yahya Ibn Nou’man al-Ghifari a rapporté de son père : « Le premier à avoir frappé les dirhams fut Mous’ab Ibn az-Zoubayr, sur l’ordre de son frère AbdAllah Ibn az-Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui), en l’an 70 de l’Hégire (689), avec d’un côté l’effigie du roi perse, et de l’autre gravé le mot « Allah ». Puis al-Hajjaj les modifia et mis son nom sur une des faces. Youssouf Ibn Houbayrah les épura du temps de Yazid Ibn ‘Abdel Malik. Sous le règne de Hisham, Khalid Ibn ‘AbdAllah al-Qasri les raffina encore plus. Les dirhams les plus beaux furent certainement ceux de Youssouf Ibn ‘Omar et c’est pour cette raison qu’al-Mansour acceptait uniquement les (dirhams) Houbayrah, Khalidiyah et Youssoufiyah.

 

Auparavant, les gens possédaient différentes monnaies, parmi elles, le dirham Baghliyah, qui avait une valeur de huit Dawaniq, ainsi que le dirham Tabariyah estimé à quatre Dawaniq, le dirham yéménite estimé à un Daniq. ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) additionna les Baghliyah et les Tabariyah, en ôta la moitié et fit du dirham légal, la moitié et le cinquième d’un Mithqal. Certains ont rapportés que cette mesure n’a pas subi de changement à l’époque antéislamique ni pendant l’Islam mais cet avis se discute, et Allah est Plus Savant.

 

 

 

[1] Le Khorasan représente l’actuel Pakistan,       l’Afghanistan et le Turkménistan.

[2] Merv ou Marv : L’actuelle Mary au Turkménistan.

[3] 4,4 grammes.

 

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