OSMANLI

OTTOMANS

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Peu des vains croisés savaient que Bayazid avançait déjà rapidement contre eux. Ici, nous sommes laissés confondus par les historiens modernes. Creasy, par exemple, page après page, nous dit que Bayazid, après ses succès antérieurs s’était lui-même abandonné à la débauche sexuelle et à d’autres actes obscènes.[1] Atiya, pour sa part, dit (page 63) que Bayazid assiégeait Constantinople et une fois qu’il entendit les nouvelles de l’approche des armées des croisés, il brûla les machines qu’il avait préparé pour assaillir la ville et leva le siège ; puis à la page 119, il se contredit en disant qu’une armée turque assiégeait toujours Constantinople après la victoire de Nicopolis (donc que le siège n’a jamais été levé ou les machines de siège détruites). [2]

Froissart, qui était contemporain aux événements, cependant, nous offre la meilleure explication sur les activités de Bayazid quand il entendit les nouvelles (ce qui explique également pourquoi il lui fallut si longtemps pour arriver). Il écrit :

« Il (Bayazid) était au Caire avec le Sultan d’Egypte. « Monsieur, » dit Ruffin (l’officier qui quitta Brehappe pour porter le message de l’avance des croisés) » tout le pays désire vous voir là-bas car le roi de Hongrie avec un puissant raz de marée a traversé le Danube, est entré en Turquie causant de grands dégâts et assaillit cinq ou six de vos villes fortifiées. Et quand je partis de Brehappe, il avait l’intention d’assiéger Nicopoli. Curbadas et Maladius, mes frères, avec de tels hommes de guerre sont entrés dans Nicopoli pour aider à défendre la ville et mon frère Balschius est encore à Brehappe pour garder le fort là-bas : Monsieur, par précaution, il y a en compagnie du roi de Hongrie la plus grande et meilleure armée de France qui n’a jamais été vu. Par conséquent monsieur, il vous appartient de rassembler votre armée et vos amis puis de retourner en Turquie et faire que vos ennemis retournent sur le Danube. Et si vous ne le faites pas avec une grande puissance, il sera difficile de le faire. » »

« Combien sont-ils, » demanda Bayazid ?

 « Ils sont plus de cent mille, les meilleurs hommes du monde, les mieux armés et tous à cheval. »

Bayazid ne répondit, mais entra dans la chambre du Sultan et lui raconta l’informa. Alors le Sultan dit : « Nous devons agir en conséquence : « Nous aurons assez d’hommes pour leur résister. Nous devons défendre notre droit et notre patrimoine. »

« Cela est vrai, monsieur, » dit Bayazid. « Maintenant mes désirs sont exaucés car je n’ai toujours souhaité autre chose que le roi de Hongrie vienne du Danube avec son armée et entre en Turquie. »[3]

 

Je ne crois, ni ne devez croire bien évidemment aucun traitre mot de tout ce que raconte les historiens occidentaux, qui en fait préparent doucement le lecteur à la défaite de la croisade, tout en cherchant des causes impossibles à l’aide de mensonges et dénigrements odieux et de dépréciations racistes comme ce qui suit.

 

Pour reprendre les mots de Lane Poole, « Bayazid secoua sa paresse, son luxe et traversa le Bosphore avec toute son ancienne énergie qui lui avait valu son titre de « l’Eclair. » C’est un fait singulier, que même si indolent et abruti un Turc peut apparaître, vous devez tout sauf mettre une épée dans sa main pour qu’il se déchaîne et se batte comme un héros. L’esprit de combat semble être inhérent à la race.[4] »

 

Froissart encore une fois, offre ici une information qu’aucun historien moderne n’a rapportée et dit que Bayazid revint du Caire renforcé par un certain nombre de contingents de pays musulmans. Il dit :

« Peu de temps après le grand Turc quitta le Caire après que le Sultan lui ait promis de lui envoyer rapidement de l’aide des meilleurs guerriers de toutes ses seigneuries pour résister à la puissance du roi d’Hongrie et des Français. Le grand Turc envoya des messagers dans tous ses domaines et pays, alors qu’il pensait recevoir de l’aide et des secours car il considérait et dit que si les Français conquéraient toute la Turquie, tous les autres royaumes voisins seraient effrayés par eux et ainsi leur foi et croyance se désintégrerait et deviendrait soumis à la sujétion des hommes chrétiens, qu’ils leur étaient donc meilleur de mourir. (Ici bien évidemment et comme tous ses compatriotes, c’est Froissart devenu romancier qui parle au nom du Sultan…)

 

Et ainsi que le voulaient le Sultan et les grands rois Turcs, de nombreux Sarrasins s’inclinèrent à leurs désirs, comme en Perse, à Mède, à Tarse et aussi hors du Septentrion, du royaume de Lecto et aux limites de Pruce. Et comme ils furent informés que leurs ennemis les chrétiens étaient la fleur de la chevalerie, ces rois sarrasins et autres seigneurs de leur loi ne choisirent parmi eux que les meilleurs guerriers et experts dans tous leurs pays. Ce rassemblement et leurs provisions ne pouvant pas être préparés instantanément, le grand Turc établit son camp en attendant, toujours respectueux de son peuple qui lui venait de pays lointains, spécialement de Tartarie, de Mède et Perse. Il assembla de nombreux Sarrasins valeureux de tous les pays qui étaient impatient de prouver leurs forces contre les hommes chrétiens.[5]

 

Le Sultan traversa le Bosphore en provenance d’Asie à la tête des meilleurs soldats de son empire pour rencontrer ces nouveaux ennemis de l’extrême ouest.[6] Il désigna rapidement Philoppopolis (Plovdiv) sur la Maritsa comme lieu de rassemblement des forces ottomanes. De là, il marcha sur Tirnovo à travers le col de Shipka et fut rejoint dans la vallée de la rivière d’Osam, juste au sud de Nicopolis, par son vassal serbe Stephen Lazarevic.[7]

 

 

Les Turcs et les croisés prêts pour la bataille

 

Les croisés, et particulièrement les Français, dans l’arrogante confiance sur leur invincibilité, se livraient à des tournois indisciplinés et négligèrent les précautions les plus ordinaires pour déterminer si l’ennemi approchait. Bayazid n’oserait pas venir par le Bosphore, qu’ils tenaient.[8] Lorsque les éclaireurs rapportèrent que le Sultan était à six heures de marche de Nicopolis, les gais lurons se moquèrent d’eux avec mépris et le Maréchal Boucicault les menaça d’avoir les oreilles coupées pour répandre une fausse alarme.[9] Telle était leur vantardise, au moment même où Bayazid approchait rapidement et silencieusement avec son armée bien équipée et bien disciplinée à six lieues de leur camp.[10] 

 

Selon l’auteur du Livre des Faits (le Chroniqueur de Boucicault), les Français furent surpris par l’apparition de l’armée turque à l’heure du dîner heure, le 16e jour du siège de Nicopolis,[11] « le dernier dimanche du mois de septembre [le vingt-quatrième], » dit le chroniqueur de St. Denis, « quand les nouvelles de l’arrivée de l’ennemi fut connue.[12] » Le comte de Nevers et sa chevalerie française étaient attablés, le 24 septembre, 1396, quand des messagers se précipitèrent avec la nouvelle que quelques maraudeurs du camp étaient tombés sur une grande armée de Turcs, qui était à portée de main. Les jeunes paladins de France se levèrent rouges, s’excitèrent à la bonne nouvelle, coururent aux armes et exigèrent d’être amenés instantanément au combat.[13] Froissart écrit :

« Ainsi dans l’année de notre Seigneur Dieu mille trois cent quatre-vingt-seize, le lundi avant la fête de Saint-Michel, à environ dix heures, alors que le roi de Hongrie dînait assis au siège de Nicopoli, la bonne nouvelle parvint des scouts que l’armée des Turcs arrivaient mais questionné sur eux leur rapport n’était pas vrai puisqu’ils n’étaient pas allés si loin pour voir les deux ailes et la bataille derrière, ils n’avaient vu que quelques cavaliers et l’avant-garde et prit de peur étaient donc revenus. A cette heure, la plus grande partie de l’armée dînaient ; puis la bonne nouvelle fut transmise au comte de Nevers, et à tous les autres en général par leurs coursiers qui dit : « Messieurs, armez-vous rapidement afin que vous ne soyez pas surpris car les Turcs arrivent sur vous. Ces nouvelles réjouirent grandement les hommes chrétiens, désireux d’accomplir des faits d’armes. Alors tous les hommes se levèrent de leurs dîners, éloignèrent les tables et demandèrent leur harnais et chevaux, bien échauffés par la consommation précédente de vin. Alors chacun des homme rejoignit le champ, les bannières et les normes déployées chacun sous sa propre bannière : alors la bannière de Notre-Dame fut présentée avec le vaillant chevalier Jean de Vienne, l’amiral de France, et les Français, fraichement habillés, furent les premiers à s’aligner dans le champ fraîchement habillés, faisant un petit compte des Turcs sans savoir qu’ils étaient en si grand nombre ni que Baquin d’Amurat était là en propre personne.[14]

 

 

 

[1] ES Greasy: History; pp. 34 ff.

[2] Atiya: Nicopolis; 63 and 119.

[3] GC Macaulay: Chronicles of Froissart; Macmillan and Co; London; 1899; p. 438.

[4] Lane Poole; Dinde; p. 50-1.

[5] GC Macaulay: Chronicles of Froissart; Macmillan and Co; London; 1899; p. 440.

[6] ES Creasy: History of the Ottoman Turks; Khayats; Beirut; 1961; p. 37.

[7] K. Setton: The Crusade of Barbary; p. 350.

[8] ES Creasy: History of the Ottoman Turks; Khayats; Beirut; 1961; p. 37.

[9] Lane Poole; Dinde; p. 52.

[10] ES Creasy: History of the Ottoman Turks; Khayats; Beirut; 1961; p. 37.

[11] Selon l’auteur du Livre des faits, ed. Buchon, III, Pt. i, chap. xxiv, p. 593, and eds. Michaud and Poujoulat, II, pt. i, chap. xxv, Pp. 239—40.

[12] Religieux & Saint-Denys, II, 500, 502.

[13] ES Creasy: History of the Ottoman Turks; Khayats; Beirut; 1961; p. 37.

[14] GC Macaulay: Chronicles of Froissart; Macmillan and Co; London; 1899; p. 443.

 

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