OSMANLI

OTTOMANS

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Cependant le rôle islamique a été complètement supprimé du savoir universel. Watt, ainsi, observe :

« Lorsqu’on met la main sur toutes les facettes de la confrontation médiévale du christianisme et de l’Islam, il est clair que l’influence de l’Islam sur la chrétienté occidentale est plus grande que ce qu’il est habituellement reconnu. Mais parce que l’Europe réagissait contre l’Islam, elle diminua l’influence des Sarrasins et exagéré sa dépendance à l’égard de son héritage grec et romain. »[1]

 

Glubb, remarque également :

« La dette de la chrétienté occidentale à la civilisation arabe a été systématiquement minimisée sinon complètement niée. »[2]

 

Draper, aussi, parle de la manière systématique dont la littérature de l’Europe est parvenue à mettre hors de vue nos obligations scientifiques envers les musulmans ; injustice fondée sur la rancœur religieuse et la fatuité nationale.[3]

« L’Arabe a laissé son héritage intellectuel sur Europe … » et « tel leur splendeur (des musulmans), leur luxe, leurs connaissances ; comme certaines des obligations que nous leur sommes redevables – obligations que l’Europe chrétienne, avec une sincérité singulière a toujours été fière de cacher. Le cri contre l’incroyant (le musulman) a longtemps survécu aux croisades, » ajoute Draper.[4]

 

Même le Prince Charles observe :

« Il y a aussi beaucoup d’ignorance au sujet de la dette de notre propre culture et civilisation due au monde islamique … qui découle de l’histoire de carcan, dont nous avons hérité …. Parce que nous avons eu tendance à voir l’Islam comme l’ennemi de l’Occident, comme une culture, société et système de croyance étrangère, nous avons eu tendance à ignorer ou effacer son grand intérêt pour notre propre histoire. »[5] 

 

« La dette de l’Europe au « chien païen, » dit Briffault, pourrait, bien sûr, « ne trouver aucune place dans le schéma de l’histoire chrétienne, et la falsification contraignante s’est imposée elle-même à toutes les conceptions ultérieures.»[6] « L’histoire de la renaissance de l’Europe de la barbarie » ajoute-il, « est constamment écrite, sans jamais la moindre référence, sauf pour mentionner les triomphes de la croix sur le croissant, » et « la récupération de l’Espagne du joug maure, de l’influence de la civilisation arabe – l’histoire du prince du Danemark sans Hamlet. »[7]

 

Les techniques par lesquelles le rôle islamique a été supprimé ont été longuement examinées ailleurs pour justifier une étude détaillée ici.[8] Ainsi, brièvement, une de ces techniques consiste à l’attribution de la science moderne et la civilisation aux Grecs. Une autre, consiste à une réinterprétation sélective du Moyen Age, qui émascule les musulmans de tout rôle dans les changements scientifiques et autres développements qui se produisirent dès lors. Une manière principale de nier le rôle islamique consiste à la création du mythe de la Renaissance du seizième et dix-septième siècle basée sur la reprise de l’apprentissage classique, bannissant ainsi la période intermédiaire du Moyen Age, et de toute influence que les musulmans auraient pu avoir. Ceci est indiqué par Whipple qui observe comment on enseigna aux étudiants d’histoire et de science médicale que le Moyen Age, ou « l’âge des ténèbres, » implique une période de régression, de controverses sans fin, d’arguments inutiles et que même la simple mention de cette période rencontre un manque intérêt sinon l’antagonisme.[9] Palter souligne également comment les étudiants en physique furent amenés à croire que la physique moderne est née dans le cerveau fertile de Galilée.[10] Et pas seulement la physique et la cosmologie, mais aussi la chimie et la médecine.[11]

Un point similaire est soulevé par Carlyle qui accuse l’ignorance et la perversité des hommes de la Renaissance « pour l’idée que la civilisation du Moyen Age fut stagnante et non progressive. [12]  » Pour rendre cette théorie de Renaissance du seizième siècle possible, entre dix et quinze siècles ont été enlevé de l’histoire entière des sciences et de la civilisation ; stipulant que rien ne se passa durant ces siècles. Dix siècles de moyen âge islamique et latin qui jouèrent un rôle essentiel dans l’émergence des sciences européennes, estiment Benoit et Micheau sont niés.[13] Cependant ces siècles furent tout exceptés sombres. En Asie occidentale et en Afrique du Nord, ce fut une période de richesse, de progrès et d’illumination, dit Glubb.[14]Un point réaffirmée par Le Bon, qui insiste sur le fait qu’à l’époque ou l’Occident chrétien était « plongé dans barbarisme, » l’Orient musulman avait une brillante civilisation.[15] Ce fut cette même civilisation, comme nous l’avons déjà noté, qui tira l’Occident chrétien de la barbarie et nous apporta les sciences modernes et la civilisation.

 

 

Simultanément, puisque les accomplissements musulmans sont supprimés du savoir, un barrage de représentations désobligeantes est infligé à l’Islam. Le Prophète Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut une cible particulière de siècles de calomnie chrétiennes de l’Occident qui sont toujours aussi virulentes de nos jours. Smith insiste sur le fait qu’à de rares exceptions près, toutes les représentations chrétiennes occidentales l’ont vu comme rien d’autre qu’un imposteur de rang.[16] Les calomnies et non les victoires existantes ont été inventées au plaisir contre le Prophète, le « destructeur d’idoles » qu’ils ont transformé en « une idole de Dieu » ajoute Smith.[17] Davenport note, aussi, comment une image défavorable fut faite du Prophète, qu’il était sujet à des crises épileptiques « pour imputer cette affection morbide à l’Apôtre comme une tache sur son caractère moral… »[18]

Forster observe également qu’ils ont été prédisposés à penser du mal de Muhammad, écrivant « des théories brutes et non digérées » pour avoir un effet sur leurs sujets et « forcer les faits pour les adapter. »[19]

 

L’hostilité à l’Islam est la principale raison derrière de telles représentations hostiles tant du Prophète que de la foi comme ont noté un certain nombre de sources telles que Thomson,[20] Daniel,[21] Southern[22] et autres. « La honte des chrétiens, » maintient Daniel, « était d’attaquer l’Islam pour tant de raisons …. Dans ce domaine nous pouvons dire seulement que les Européens ont globalement maintenu envers les Arabes une réserve constante qui semble traverser systématiquement toute la période médiévale jusqu’à nos jours. »[23] Smith insiste sur le fait que presque tous ceux qui ont approché l’Islam ne l’ont fait que pour diffamer et travestir, écrivant des positions préconçues.[24] Une image sombre de l’Islam fut peinte pour contraster avec la lumière de l’image de soi du christianisme et tous les crimes imaginables ont été associés à l’Islam, ajoute Smith.[25]

 

Tolan s’étend sur les motivations des images dénaturées peintes de l’Islam et du Prophète :

« Tant comme une religion rivale et comme une civilisation rivale, l’Islam connu un énorme succès. Il était donc attrayant, intriguant et effrayant. L’attrait de l’apprentissage musulman, de la culture musulmane et la sophistication musulmane fut extrêmement fort … Mais plus les chrétiens furent attirés par l’Islam, plus d’autres ressentirent le besoin de le condamner car, ce fut cette attraction plus que la puissance des armées musulmanes, qui était le plus menaçant pour la chrétienté. »[26]

 

Les principes de l’Islam sont « ni si pernicieux ni si absurde comme beaucoup ont imaginé » note Jackson, et pourtant ils ont été « vilipendé d’erreur ou dans le but d’exalter la doctrine chrétienne. »[27]

 

Watt ajoute que la chrétienté occidentale a jugé nécessaire de peindre ces images sombres de l’Islam et du Prophète pour compenser le sentiment d’infériorité puisque l’Europe était tributaire de l’Islam du point de vue des sciences et de l’enseignement.[28] Le non-sens a été, par conséquent, accepté et le sens solide a été déformé, conclut Daniel.[29]

 

Cela a été depuis les dix siècles derniers ou à peu près, un dessein établit pour la chrétienté occidentale à concocter des mensonges et fabriquer des menaces islamiques ou des agressions pour justifier ses attaques militaires contre les musulmans. Si les croisades de 1095-1291, furent justifiées pour des raisons d’agression musulmane, de mauvais traitement infligé aux chrétiens et de profanation des sites chrétiens,[30] les croisades ultérieures, furent justifiés en raison de la piraterie musulmane, ou de la menace turque,[31] ou de la persécution des marchands chrétiens en Egypte,[32] ou du mythe actuel de la menace musulmane et de la terreur qui justifie toute action occidentale contre des individus, des organisations ou des attaques militaires contre des nations comme l’Irak ou l’Afghanistan.[33] La technique a toujours été la même et reste la même depuis dix siècles. L’Occident chrétien, dont le but véritable reste la chute de l’Islam et garder les musulmans militairement et économiquement faibles, a toujours fondé de telles menaces et agressions musulmanes sur des mensonges.[34] Puis, à la suite de ses invasions militaires, l’Occident chrétien a déchaîné de grands massacres et autres crimes à très large échelle de musulmans, repoussant leurs pays des siècles en arrière en pillant leurs terres et éliminant physiquement les élites qui refusent d’accepter l’hégémonie occidentale et en levant les différentes groupes ethniques les uns contre les autres : chiites contre sunnites, kurde contre arabe, berbère contre arabe, arabe contre turc dans des divisions qui déchire depuis la société musulmane.[35] Alors que l’Occident déchaîne tout cela et bien pire, leurs historiens et médias aujourd’hui, ennoblissent ces actions ou les justifient. Par conséquent, nous lisons ou on nous dit que les croisés sont venus pour libérer la Terre Sainte de l’oppression musulmane.[36] Nous sommes amenés à accepter que la colonisation des pays Musulmans, comme l’Algérie par la France, était en réponse à l’agression musulmane, ou au profit et la prospérité de ces pays (même si dix millions de musulmans furent exterminés dans le processus.)[37] Nous lisons que les musulmans ont été exterminés en masse sous la domination chrétienne parce qu’ils constituaient une grave menace pour la société chrétienne.[38] Aujourd’hui, comme nous avons entendu parler de la menace irakienne qui justifiait l’intervention militaire occidentale, résultant par le meurtre de plus d’un million d’Irakiens, leurs maisons cambriolées au milieu des nuits, leurs familles terrorisées, leurs hommes saisis, puis disparus et plus tard retrouvé mutilé et jeté dans les bennes à ordures.[39] Nous entendons aussi maintenant parler de la Syrie et du lancement d’une troisième guerre mondiale, encore un autre mythe cultivé par un Occident chrétien à jamais belliqueux,[40] toujours à l’affût de libérer ses ravages et ses bombes mortelles et destructives sur le prochain pays musulman tout comme il l’a fait pendant siècles. Et tout comme leurs pays l’ont fait pendant des siècles, profitant de l’impuissance militaire des musulmans, pour déchaîner sur eux des guerres dévastatrices et les historiens occidentaux, exploitant l’impuissance intellectuelle des musulmans, ont toujours réussi l’exploit extraordinaire de blâmer les musulmans eux-mêmes pour la mort et la torture en masse de millions d’entre eux, le pillage de leurs pays, et la dévastation de leurs sociétés.[41]

 

 

 

[1] W. Montgomery Watt: L’Influence de l’Islam sur l’Europe Medievale (127-156): Dans Revue d’Etudes Islamiques; Vol 41; pp 127-56; at pp. 155-6.

[2] J. Glubb: A Short History of the Arab peoples, Hodder et Stoughton, London, 1969, p.289.

[3] JW Draper: A History of the Intellectual Development of Europe; 2 Vols: London, 1875; revised ed; Vol 2; p. 42.

[4] Draper Vol II; p. 44.

[5] HRH Prince of Wales: Islam et the West, Oxford Centre for Islamic Studies, Oxford, 1993.

[6] R. Briffault: The Making of Humanity, George Allen et Unwin Ltd, 1928, p., 189.

[7] R. Briffault: The Making of Humanity, p. 189.

[8] Voir. SE Al-Djazairi: the Hidden Debt; op cit.

[9] A. Whipple: The Role of the Nestorians et Muslims dans the History of Medicine. Microfilm-xerography by University Microfilms International Ann Arbor, Michigan, USA 1977, p.1.

[10] RM Palter edition: Toward Modern Science; The Noonday Press; New York; 1961; Vol 1, p.ix.

[11] Palter; preface ix.

[12] Rev AJ Carlyle: progress dans the Middle Ages, dans Progress et History; FS Marvin editor: Oxford University Press, 1916. pp. 72-95.

[13] P Benoit et F. Micheau: The Arab Intermediary; dans M. Serres: A History of Scientific Thought; Blackwell, 1995; pp 191-221; at p. 191.

[14] J. Glubb: A Short History; op cit; p.136.

[15] G. Le Bon: La Civilisation des Arabes; Cyracuse; 1884; p.256.

[16] RB Smith: Mohammed; op cit; p. 81.

[17] Ibid; p. 75 fwd.

[18] J. Davenport: An Apology; op cit; p. 14.

[19] C. Forster: Mohamedanism Unveiled; London; James Duncan et John Cochran; 1829; I; p. 4.

[20] A. Thomson: Barbary et Enlightenment: Brill; Leiden; 1987; pp. 37-8.

[21] N. Daniel: The Arabs et Medieval Europe; Longman Librairie du Liban; 1975.

[22] Dans RW Southern: Western Views of Islam dans the Middle Ages, Harvard University Press, 1978.

[23] N. Daniel: The Arabs; op cit; p.319.

[24] RB Smith: Mohammed; op cit; p. ix.

[25] C. Bennett: Victorian Images of Islam; Grey Seal; London; 1992; p. 77.

[26] JV Tolan ed: Medieval Christian Perceptions of Islam; Routledge; London; 1996; preface; pp. xix-xx.

[27] J. Grey Jackson: An Account of the Empire of Morocco; 3rd ed; London; 1814; p 208.

[28] MW Watt: l’Influence de l’Islam Revue des Etudes Islamiques, Vol 41; p. 154.

[29] N. Daniel: Islam et the West; Oneworld; Oxford; 1993; p.302.

[30] Dans DC Munro, “Urban et the Crusaders”, Translations et Reprints from the Original Sources of European History, Vol 1:2, 1895, pp. 5-8

[31] Delaville Le Roulx: La France en Orient au XIV em Siecle; Ernest Thorin Editor, Paris; 1886.

[32] G. Hanotaux: (vol 5 written by H. Deherain): Histoire de la Nation Egyptienne; Paris; Librarie Plon; 1931.

[33] Reportez-vous, par exemple, à l’Editorial: Snowflakes et Scare Mongering; dans The Independent 3 Nov 07; p. 40.

[34] Voir, par exemple, comment la fausse affirmation des armes chimiques irakiennes a été fabriquée en The Independent 3 November 07; p. 35.

Voir le résumé de ces mensonges dans SE Al-Djazairi: The Myth of Muslim Barbarism et its Aims; Bayt Al-Hikma; Manchester; 2007.

[35] Vooir comment, lors de l’invasion récente de l’Irak, l’Occident a utilisé des techniques visibles et dissimulées, y compris des massacres de groupes ethniques différents, pour créer un climat de haine entre les Sounnites, les Kiyas, les Kurdes, les Turkmènes, etc., tout comme cela a été fait dans d’autres endroits par le passé, en Algérie pendant l’occupation française, ou l’Inde, dans le sillage de l’occupation anglaise.

[36] Voir la conférence sur les croisades parrainée par le Vatican ; dans the Times 20 March 06.

[37] CA Julien: History of North Africa; tr. From French by J. Petrie; Routledge &Kegan Paul; London; 1970.

Se référe au vote de l’Assemblée nationale française en 2004 pour présenter la colonisation de l’Algérie comme une mission civilisatrice qui permit la modernisation en Algérie.

[38] P. Conrad: Histoire de la Reconquista; Que Sais je? Presses Universitaire de France; Paris; 1998.

  1. Cardaillac ed: Les Morisques et l’Inquisition: Publisud; Paris; 1990.

Dans June 2004 the Church came out with a new, cleansed history of Spain.

[39] Voir The Times online- January 10 2005 http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/iraq/article410491.ece

[40] Reportez-vous, par exemple, à Editorial: Snowflakes et Scare Mongering; dans The Independent 3 Nov 07; p. 40.

[41] Les prochains chapitres de ce travail traitera largement ce sujet; voir aussi SE Al-Djazairi: The Myth; op cit; Pour les nombreux cas où l’Occident chrétien blâme ses victimes pour leur propre décès; voir également -DE Stannard: « Genocide dans the Americas » The Nation, (October 19, 1992 pp. 430-34).

  1. Howitt: Colonisation et Christianity: Longman; London; 1838.
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