CROISADES

De la marche de Salah ad-Din contre Kilij Arsalan pour lui faire la guerre

 

En l’an 576 de l’Hégire (1180), Salah ad-Din marcha de la Syrie aux terres de Kilij Arsalan Ibn Mas’oud Ibn Kilij Arsalan, à savoir Malatya, Siwas avec tous ce qui se trouve entre eux et Konya pour lui faire la guerre.

C’est arriva parce que Nour ad-Din Muhammad Ibn Qara Arsalan Ibn Daoud, le seigneur de Hisn Kayfa et d’une partie de Diyar Bakr, se maria avec la fille de Kilij Arsalan qui est resté avec lui durant un certain temps avant de tomber alors amoureux d’une chanteuse avec qui il se maria et la préféra. Elle exerça l’autorité sur sa terre et sa trésorerie tandis que pendant ce temps, il négligea, oublia et abandonna la fille de Kilij Arsalan. Lorsque son père fut informé, il se décida à attaquer Nour ad-Din et prendre ses terres.

Nour ad-Din envoya un message à Salah ad-Din pour lui demander protection et le défendre contre Kilij Arsalan. Salah ad-Din écrivit à Kilij Arsalan sur l’affaire qui répondit : « J’ai cédé à Nour ad-Din un certain nombre de forteresses adjacentes à ses terres quand il se maria avec ma fille. Maintenant que la situation est parvenue dans l’état que tu connais, je veux qu’il rende ce qu’il a reçu de moi. »

 

Les messagers allèrent d’avant en arrière entre eux mais ils ne parvinrent à aucun règlement de l’affaire. Salah ad-Din fit donc une trêve avec les croisés et marcha avec ses troupes.

Al-Malik al Salih Isma’il Ibn Nour ad-Din Mahmoud qui était le souverain d’Alep quitta donc la ville en la laissant sur sa gauche et marché vers Tall Bashir à Ra’ban où Nour ad-Din Muhammad le rejoignit. Quand Kilij Arsalan entendu dire qu’il était à côté, il lui envoya son émir aîné, en disant : « Cet homme a fait ceci et cela à ma fille. Il est urgent d’attaquer ses terres et de lui donner une leçon. »

Lorsque l’envoyé arriva, il rencontra Salah ad-Din et lui livra son message. Salah ad-Din fou de rage dit à l’envoyé : « Dis à ton     maître, par Allah en dehors de qui il n’y a nul autre dieu, s’il ne se retire pas, je me mettrai en route pour Malatya qui est seulement à deux jours de marche et que je descendrais de ma monture seulement quand je serais dans la ville. Alors j’attaquerai toutes ses terres et les lui prendrai. » L’envoyé reconnut la situation sérieuse. Il monta et quitta Salah ad-Din après avoir vu son armée, sa force et ses rangs, la quantité de ses armes, de ses montures et les autres choses et il n’avait rien de similaire pour y faire face. Il se rendit compte que si Salah ad-Din les attaquait, il prendrait leurs terres.

Le jour suivant il demanda un entretien et il fut donc appelé et dit à Salah ad-Din : « Je veux dire quelque chose de ma propre initiative et qui n’est pas une communication de mon maître. » « Parle, » dit Salah ad-Din. Il continua : « Mon seigneur, n’est-il pas mauvais pour quelqu’un comme toi, un des plus grands et plus puissants sultans, que les gens sachent que tu as fait la paix avec les croisés, abandonné le Jihad et les intérêts du royaume, que tu t’es détourné de tout ce t’apporte le salut ainsi que pour tes sujets et les Musulmans en général, que tu aies réunis des troupes de tous les horizons, prit le champ (de bataille) et dépensés des sommes énormes tant pour toi que pour tes troupes pour une chanteuse prostituée ? Quelle sera ton excuse devant Allah Tout Puissant, le calife, les princes de l’Islam et tout le monde ? Fais que personne ne te confrontes pour cela mais ils ne savent pas qu’ainsi est l’affaire. Suppose que Kilij Arsalan est mort et que c’est sa fille qui t’a envoyé un message demandant la protection et de lui faire justice contre son mari. Si elle faisait ainsi, on s’attendrait à ce que tu ne la rejettes pas. »

Salah ad-Din dit : « Par Allah, la vérité est avec toi et l’affaire est comme tu dis mais cet homme est venu chez moi, a compté sur moi et c’est mal pour moi de l’abandonner. Va le rencontrer et règle ce différend avec lui comme tu veux. Je t’aiderai avec lui et le critiquerai pour ce qu’il a fait. »

Il lui fit des promesses équitables et l’envoyé rencontra le seigneur de Hisn Kayfa. Ils discutèrent l’affaire entre eux et ensuite il fut convenu que le seigneur de Hisn Kayfa devrait répudier la chanteuse dans une année. S’il manquait de faire ainsi, Salah ad-Din lui retirerai alors son soutien et avec Kilij Arsalan, ils seraient les deux contre lui. Il fut d’accord sur ces conditions et Salah ad-Din se retira de Syrie. Nour ad-Din revint sur ses terres et lorsque la période fut écoulée, il licencia la chanteuse qui partit pour Baghdad ou elle resta jusqu’à sa mort.

 

Comment Salah ad-Din envahit les terres du fils de Leon l’Arménien

 

Cette année, Salah ad-Din envahit les terres du fils de Leon l’Arménien après avoir réglé l’affaire avec Kilij Arsalan.

Cela arriva parce que le fils de Leon l’Arménien avait convaincu un groupe de Turcomans, leur avait offert des garanties de sécurité et leur avait demandé de conduire leurs troupeaux dans les pâturages de sa terre qui était un puissant pays aux forteresses imprenables et d’accès difficile, à cause de ses défilés étroits et ses farouches montagnes. Plus tard, il les trahit, captura leurs familles et saisit leurs troupeaux. Il     fit prisonniers les hommes après qu’il eut tué ceux dont le temps était venu.

Salah ad-Din campa près de la rivière noire et envoya ses escadrons pour razzier les terres dans toutes les directions. Le fils de Leon craignant qu’une de ses forteresses en haut d’une montagne puisse être prise, la détruisit et y mit le feu. Salah ad-Din fut informé et s’empressa de s’y rendre et arriva avant que le contenu des échoppes et les provisions soient emportées. Il prit tout cela comme butin et les Musulmans profitèrent de ce qui avait été pris. Le fils de Leon offrit de libérer les prisonniers et les captives qu’il tenait et de leur restituer leur propriété à condition qu’ils se retirent. Cela fut accepté par Salah ad-Din et les conditions entérinées. Les prisonniers furent libérés, leurs propriétés rendues et Salah ad-Din se retira durant le mois de Joumadah Thani.

 

Cette année aussi, Shams ad-Dawlah Touranshah Ibn Ayyoub, le plus vieux frère de Salah ad-Din mourut à Alexandrie qu’il avait reçu en fief de son frère et où il resta depuis là jusqu’à sa mort. Il possédait la plupart des terres du Yémen et ses lieutenants avaient l’habitude là de lui ramener de l’argent de Zabid, d’Aden et des terres des forteresses situées entre ces villes. Il était le plus généreux des hommes, le cœur sur la main, et distribuait tout l’argent du Yémen qui avait l’habitude de recevoir. Il vint à Alexandrie quand son autorité sur les terres Salah ad-Din et la richesse étaient efficace, mais en dépit de cela, quand il mourut, il devait 200 000 dinars égyptiens. Quand il arriva en Egypte, son frère Salah ad-Din le libéra de ses dettes et lorsqu’il entendit les nouvelles de sa mort, il retourna en Egypte au mois de Sha’ban de cette année laissant derrière lui député sur la Syrie ‘Izz ad-Din Farroukhshah, le fils de son frère Shahinshah qui était sage, déterminé et brave.

 

 

Du raid depuis la Syrie sur le territoire de Karak

 

En l’an 577 de l’Hégire (1181), Farroukhshah, le député de Salah ad-Din à Damas se rendit sur les terres de Karak qu’il pilla.

La raison pour cela est que Renaud[2] le seigneur de Karak, qu’Allah le maudisse, un des croisés le plus diabolique, le plus intraitable et le plus hostile aux Musulmans, se prépara pour une campagne, rassembla ses troupes et tout ce qu’il put rassembler pour marcher sur Tayma puis de là vers la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) pour prendre le contrôle de ces augustes régions.

‘Izz ad-Din Farroukhshah en fut informé et réunit les troupes de Damas puis marcha vers la terre de Renaud, qu’il pilla et ravagea avant de se retirer à la frontière de ses terres où il resta     pour défendre le territoire musulman du maudit et pour cette raison, ce dernier fut incapable de mener à bien son projet. Ils restèrent longtemps face à face et quand le vil se rendit compte que les Musulmans ne se retireraient pas avant qu’il ait dissous ses forces rassemblées, ce qu’il fit et renonça à son ambition de réaliser sa campagne. Farroukhshah revint alors à Damas et ainsi Allah Exalté sauva les Musulmans du vil plan des mécréants.

 

 

Cette année, il y eut beaucoup de comportement immoral à Baghdad. Le chambellan du palais mit sur pied un groupe pour répandre les boissons intoxicantes et arrêter les femmes légères. Alors qu’une de ces femmes était dans un certain endroit, elle se rendit compte que les hommes du chambellan de palais arrivaient. Elle s’allongea et prétendit qu’elle était malade et poussa un gémissement. Lorsqu’ils la virent dans cet état, ils la laissèrent en paix et partirent. Quand ils furent partis, elle essaya de se lever mais ne le put pas. Elle commença à pousser des cris, « ô malheur, ô malheur » jusqu’à ce qu’elle expira. Ce fut une des plus étranges histoires à être rapportée.

 

Views: 0