Du siège d’Alep par Salah ad-Din, son retrait et sa prise de la citadelle de Homs et de Baalbek
Lorsque Salah ad-Din prit Hama, il alla à Alep qu’il mit sous siège le 3 du mois de Joumadah Thani. Les habitants s’opposèrent à lui et al-Malik as-Salih, qui était un jeune garçon douze ans, sortit, rassembla les gens d’Alep et leur dit : « Vous connaissez bien la gentillesse de mon père à votre égard, son amour pour vous et sa bonne souveraineté sur vous. Je suis son orphelin. Ce méchant homme, qui rejeta la bonté de mon père est venu pour prendre mes terres. Il ne respecte ni Allah Tout Puissant et ni ses créatures. » Il parla beaucoup dans ce sens, pleura et fit pleurer les gens avec lui. Ils lui offrirent leur richesse et leurs vies et acceptèrent de lutter pour le protéger et défendre ses terres. Ils luttèrent donc vaillamment parce qu’ils étaient braves, familiers et habitués à la guerre du fait que les croisés étaient dans le voisinage. Ils firent des sorties et engagèrent Salah ad-Din près du mont Jawsham l’empêchant ainsi d’approcher de la ville.
Sa’d ad-Din Koumoushtakin envoya alors un messager à Sinan, le chef des hashashiyine et lui offrit de grosses sommes d’argent pour tuer Salah ad-Din. Il envoya donc un groupe de ses hommes dans son camp. Quand ils arrivèrent, un émir nommé Khoumartakin, le seigneur du fort d’Abou Qoubays, les vit et les reconnus parce qu’il était leur voisin et qu’il les avait rencontré et souvent lutté avec eux. Quand il les vit, il leur dit : « Qu’est-ce qui vous amène ici ? Pour quelle affaire êtes-vous venus ? » Ils se jetèrent sur lui et le blessèrent avec quelques coups mortels et l’un d’entre eux se jeta sur Salah ad-Din pour le tuer mais il fut tué avant de pouvoir l’atteindre. Le reste des hashashiyine commencèrent à lutter et tuèrent plusieurs personnes avant d’être eux-mêmes tués.
Salah ad-Din poursuivit son siège d’Alep jusqu’à la fin du mois de Joumadah Thani puis se retira le 1 Rajab parce que le comte Raymond de St Gilles, le seigneur de Tripoli, que Nour ad-Din avait pris prisonnier à Harim en l’an 559 de l’Hégire (1163) et qui est resté en captivité jusqu’à présent, fut libéré par Sa’d ad-Din pour 150 000 dinars Tyrian et 1 000 prisonniers musulmans. Quand il rentra chez lui, les croisés sortirent pour l’accueillir et le féliciter de son retour car il était un grand homme parmi eux et un de leurs principaux démons. Il arriva qu’Amaury le roi des croisés mourut au début de cette année. Il était un des plus braves de leurs rois, le plus exceptionnel pour la politique, la ruse et l’intrigue. À sa mort, il laissa un fils lépreux incapable de diriger que les croisés prirent pour roi rien que pour sa position. La conduite des affaires fut donc reprise par le comte Raymond.
Les hommes d’Alep lui envoyèrent donc un messager lui demandant d’attaquer une partie du territoire de Salah ad-Din pour lui faire lever le siège. Par conséquent, le comte se rendit à Homs qu’il assiégea le 7 Rajab et quand il fit ses préparatifs pour cette attaque, Salah ad-Din fut informé et quitta Alep et arriva à Hama le 8 Rajab, un jour après la descente des croisés sur Homs. Il se déplaça alors à Rastan et quand les croisés entendirent qu’il était proche, ils se retirèrent de Homs ou Salah ad-Din arriva et assiégea la citadelle qu’il prit le 21 du mois de Sha’ban et avec cette prise, la plupart de la Syrie se retrouva dès lors entre ses mains.
Après la chute de Homs, il procéda à Baalbek où le gouverneur était un eunuque appelé Youmn qui l’avait été depuis les jours de Nour ad-Din. Quand Salah ad-Din mit le siège, Youmn demanda des conditions pour lui et ceux qui étaient avec lui que Salah ad-Din accepta et la citadelle fut rendue le 4 du mois de Ramadan de cette année.
Du siège de Sayf ad-Din contre son frère ‘Imad ad-Din à Sinjar
Lorsque Salah ad-Din prit le contrôle de Damas, Homs et Hama, al-Malik as-Salih Isma’il, le fils de Nour ad-Din, écrivit à son cousin Sayf ad-Din Ghazi Ibn Qoutb ad-Din Mawdoud pour lui demander son aide contre Salah ad-Din et qu’il traverse l’Euphrate pour attaquer Salah ad-Din et prendre ses terres.
Sayf ad-Din mobilisa ses troupes et écrivit à son frère ‘Imad ad-Din Zanki, le seigneur de Sinjar, lui ordonnant de se présenter avec ses troupes, pour qu’ils puissent s’unir pour une expédition en Syrie, mais il refusa de le faire.
Salah ad-Din avait écrit à ‘Imad ad-Din et l’avait encouragé à aspirer la souveraineté parce qu’il était le plus âgé des frères et l’ambition l’amena à refuser d’obéir à son frère. Quand Sayf ad-Din vit son entêtement, il fournit à ‘Izz ad-Din Mas’oud une grande force, la majorité de son armée et l’envoya en Syrie. Il nomma au côté de son frère, ‘Izz ad-Din Mahmoud qui était connu aussi connut sous le nom de Zoulfandar, commandant et lui donna le total contrôle des affaires.
Sayf ad-Din, quand à lui, alla à Sinjar qu’il assiégea au mois de Ramadan puis attaqua et renforca le blocus mais ‘Imad ad-Din tint ferme et conduisit une excellente défense et résistance. Le siège se poursuivit et pendant que Sayf ad-Din était retenu par le siège, les nouvelles lui parvinrent de la défaite de son armée qui était avec son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud, devant Salah ad-Din. Sur ce, il se mit en contact avec son frère ‘Imad ad-Din, fit la paix avec lui, reconnut ce qu’il tenait et partit pour Mossoul.
Après cette défaite de Sayf ad-Din, Salah ad-Din devint fermement établi et les gens furent effrayés de lui. Des envoyés allèrent dans les deux sens entre lui et Sayf ad-Din Ghazi pour faire la paix mais rien ne fut conclu.
De la défaite de l’armée de Sayf ad-Din devant Salah ad-Din et de son siège de la ville d’Alep
Cette année, l’armée de Sayf ad-Din, commandée par son frère ‘Izz ad-Din et ‘Izz ad-Din Zoulfandar, marchèrent sur Alep et ils furent rejoints par les troupes locales. Tous sortirent pour faire la guerre à Salah ad-Din qui écrivit à Sayf ad-Din et lui offrit de rendre Homs et Hama et qu’en échange, il garderait la ville de Damas en tant que lieutenant d’al-Malik as-Salih. Sayf ad-Din n’accepta pas et dit : « Il est urgent que tu abandonnes le territoire syrien que tu as pris et que tu rentres en Egypte. »
Salah ad-Din avait assemblé ses forces et s’était préparé pour la guerre. Quand Sayf ad-Din refusa son offre, il marcha avec ses troupes sur ‘Izz ad-Din Mas’oud et Zoulfandar qu’il rencontra le 19 du mois de Ramadan près de la ville de Hama dans un endroit appelé Qarn Hama.
Zoulfandar ignorait les affaires militaires, le combat et était étranger à leurs pratiques en plus d’être un lâche bien que Salah ad-Din lui ai accordé fortune et faveurs.
Quand les deux côtés se rencontrèrent, la force de Sayf ad-Din ne résista pas et s’enfuit en laissant ses hommes se débrouiller seul cependant le frère de Sayf ad-Din, ‘Izz ad-Din, tint fermement après leur déroute et quand Salah ad-Din vit sa ténacité, il dit : « Soit il est le plus brave des hommes ou il n’a aucune connaissance de la guerre. » Il ordonna à ses hommes de le charger ce qu’ils firent et le reconduisirent de sa position et sa déroute fut alors complète.
Salah ad-Din et ses troupes les poursuivirent au-delà s de leur camp et ils prirent beaucoup de butin, des équipements, d’abondantes armes et des chevaux rapides. Après les avoir poursuivi assez longtemps, ils retournèrent se reposer tandis que les vaincus se retirèrent à Alep.
Salah ad-Din les suivit, les assiégea et répéta ses assauts. Et dès ce moment, il laissa tomber la Khoutbah pour al-Malik as-Salih Ibn Nour ad-Din et enleva son nom de la monnaie dans ses terres. Il maintint le siège mais quand l’opération s’éternisa, il fit des ouvertures de paix, à condition qu’il garde ce qu’il contrôlait en Syrie et ils qu’ils gardent ce qu’ils avaient. Ils furent d’accord avec cela et la paix fut faite. Salah ad-Din se retira d’Alep durant les dix premiers jours de Shawwal et alla à Hama où il reçut des robes de cérémonie d’investiture du calife, apportées par son envoyé.
De la capture du fort de Ba’rin
Durant les dix premiers jours de Shawwal de cette année, Salah ad-Din prit le fort de Ba’rin en Syrie dont le souverain était Fakhr ad-Din Mas’oud Ibn az-Za’farani, un des plus grands émirs de Nour ad-Din. Quand il vit la force de Salah ad-Din, il quitta le château et rencontra Salah ad-Din convaincu qu’il le recevrait avec l’honneur, partagerait le pouvoir avec lui et ne prendrait aucune décision sans le consulter, comme cela avait été le cas avec Nour ad-Din mais il ne vit rien de tout cela et le quitta. Seul lui restait Ba’rin de tout le fief qu’il avait tenu durant le règne de Nour ad-Din qui avait fait de lui son député. Quand Salah ad-Din fit la paix avec al-Malik as-Salih dans Alep, il revint à Hama et alla ensuite à Ba’rin, qui était un de ses villages. Il assiégea le château et déploya des trébuchets pour l’attaquer. Il persista avec l’assaut jusqu’à ce que son gouverneur capitule sous des conditions[1].
Ayant pris le contrôle de la ville, Salah ad-Din revint à Hama qu’il assigna comme fief à son oncle maternel, Shihab ad-Din Mahmoud Ibn Takash al-Harimi. Il donna aussi Homs pour fief à Nassir ad-Din Muhammad, le fils de son oncle Shirkouh avant de partir pour Damas ou il entra durant les derniers jours de Shawwal.