CROISADES

De l’arrivée des envoyés musulmans envoyés à Ahmad as-Sultan at-Tatari

 

Des courriers, qui arrivèrent du pays des Tatars confirmèrent l’assassinat d’Ahmad as-Sultan et l’intronisation d’Arqoun. Le Sheikh ‘AbderRahmane qui, l’année précédente, était arrivé du pays des Tatars fut alors mandé et il se présenta, accompagné de sa suite avec l’émir Mimdaqou at-Tatari, as-Sahib Shams ad-Din Muhammad Ibn as-Sahib Sharf ad-Din Bayti surnommé Ibn as-Sahib, le vizir de Mardin. Ils offrirent au sultan les présents dont ils étaient porteurs dont soixante chaînes de grosses perles, une pierre de Yaqout (topaze) jaune qui pesait plus de deux cents mithqals, un Yaqout rouge et un rubis pesant vingt-deux dirhems remplissant ainsi la mission dont les avait chargés leur souverain Ahmad as-Sultan. Ces messagers furent invités à se retirer mais ils furent mandés peu après une seconde fois où ils furent questionnés avant d’être renvoyés dans leurs demeures. Le sultan les fît venir alors une troisième fois et leur posa diverses questions puis ayant tiré d’eux ce qu’il désirait savoir, il leur apprit que leur souverain venait d’être tué et qu’il avait eu pour successeur Arqoun le fils d’Abaghah. Ensuite, on leur fit quitter leur chambre d’invité et on leur assigna une autre chambre placée dans l’enceinte de la citadelle ou leur ration journalière fut réduite au strict minimum. Il fut alors exiger la remise des biens appartenant à Ahmad qui se trouvaient entre leurs mains mais ils protestèrent qu’ils n’avaient pas d’argent.

L’émir Shams ad-Din Sounqour al-Assar al-Oustadar se rendit près d’eux et leur dit : « Le sultan a donné ordre de vous conduire dans un autre lieu. Que chacun d’entre vous prépare ses affaires. » Ils sortirent donc emportant avec eux leurs effets mais, lorsqu’ils furent dans le vestibule, on les força à s’arrêter et on leur enleva une quantité considérable d’or, de perles, et d’autres objets précieux parmi lesquels un chapelet de perles, appartenant au Sheikh ‘AbderRahmane estimé à cent mille dirhems. Les messagers furent emprisonnés et le Sheikh ‘AbderRahmane mourut le dix-huitième jour du mois de Ramadan. Ses compagnons retrouvèrent leur liberté excepté l’émir Shams ad-Din Muhammad Ibn as-Sahib qui fut transféré en Égypte, et enfermé dans la citadelle de la Montagne.

Puis, le sultan quitta Damas et prit le chemin de l’Égypte et tandis qu’il campait hors de Damas, le mercredi 21 du mois de Sha’ban, quelques heures après le lever du soleil, un torrent impétueux, qui s’était formé suite à de lourdes pluies, emporta les bagages des émirs et des soldats, leurs chevaux et leurs chameaux. L’émir Badr ad-Din Riqtash perdit des biens qui s’élevait à plus de quatre-cent-cinquante-mille dirhems. Le torrent pénétra jusqu’à la porte appelée Bab al-Faradis, brisa les verrous et dévasta tout ce qui se trouvait derrière. Deux jours après, une pluie abondante tomba à Damas qui emporta grand nombre d’édifices et causa des pertes considérables aux habitants.

 

La bataille de Wakat al-Jamal

 

Au mois de Ramadan, arrivèrent des nouvelles de la Mecque faisait mention que le Sharif Abou an-Nami avait chassé les troupes du Yémen et s’était rendu maître absolu de la ville tandis que précédemment, la souveraineté de cette dernière se trouvait partagée entre Abou an-Nami et Qatada qui levait sur les pèlerins du Yémen, une taxe de trente dirhems pour chaque chameau, tandis que les pèlerins d’Égypte payait pour chacun de leurs chameaux, cinquante dirhems, sans compter les pillages et les extorsions qui avaient lieu lors de la levée de cet impôt. Al-Malik az-Zahir Baybars avait obtenu que cette contribution soit réduite à trente dirhems par chameau pour les pèlerins d’Egypte. Cependant, al-Mouzaffar, le souverain du Yémen, envoya une armée sous le sous le commandement d’Assad ad-Din Jibra’il, qui suite à une bataille, se rendit maître de la Mecque. Qatada et Abou an-Nami, qui avaient rassemblé les Arabes pour repousser cette invasion, convinrent par un traité que la ville de la Mecque serait partagée entre eux deux mais, au bout de quelque temps, la division éclata entre eux. Abou an-Nami, désormais seul, leva d’autres forces puis chassa les troupes du Yémen et imposa une grande rigueur dans la levée des taxes imposés aux pèlerins. Le sultan donna alors l’ordre d’envoyer trois cents cavaliers, sous le commandement de l’émir ‘Ala’ ad-Din Sanjar al-Bashqirdi, et chacun de ces cavaliers reçut une gratification de trois cents dirhems. Le sultan ordonna aussi de faire partir de Syrie deux cents cavaliers et cette petite armée se mit en marche, escortant les pèlerins. Elle défit lors d’une bataille les troupes d’Abou an-Nami et renversa ses fortifications. La caravane des pèlerins était extrêmement nombreuse cette année et cette bataille fut appelée Wakat al-Jamal.

 

 

La prise de la forteresse d’al-Markab

 

Le 22 du mois de Mouharram de l’année 684 de l’Hégire (1285), le sultan arriva à Damas qu’il quitta peu de temps après et vint camper devant la forteresse de Markab qui appartenait aux Hospitaliers. Le vendredi 19 du mois de Rabi’ Awwal, après un siège de trente-huit jours, l’assaut final fut donnée sur la forteresse qui fut prise par la force des armes et il fut permis à tous les croisés de partir pour Tripoli.

 

 

 

Le jeudi 14 du mois de Safar de l’année 685 de l’Hégire (1286), à l’heure de la prière de ‘Asr à Nahiyat al-‘Oussoulah près de Homs eut lieu un étrange évènement. Un lourd nuage sombre et grondant de tonnerre d’où sortait une colonne de fumée noire qui touchait la terre ayant la forme d’un serpent apparut. Cette large et énorme colonne dont la tête se noyait dans les nuées du ciel tandis que sa queue battait la terre comme un immense tourbillon emporta les plus grosses les pierres à une hauteur d’un jet de flèche ou plus d’où elles retombaient roulant les unes sur les autres dans un vacarme effrayant après avoir été jetées à des distances considérables. Cet ouragan s’étendit jusqu’à l’endroit où se trouvait stationné le corps de troupes de plus de deux mille cavaliers commandé par l’émir Badr ad-Din Baktout al-‘Alay et tout ce qui se trouvait sur le passage de la colonne fut emporté dans les airs à la hauteur d’un jet de flèche ou plus comme les selles des montures, les cuirasses, les machine de guerre et tous les vêtements. Un sac de cuir qui contenait des fers de cheval fut emporté à une hauteur d’un jet de flèche, des chameaux avec leur charge furent soulevés de terre à la hauteur d’une pique emportant aussi un grand nombre de soldats et de pages causant ainsi des pertes inestimables. La tornade se dirigea alors dans la direction de l’est vers le désert ou elle disparut, suivie d’une pluie diluvienne.

 

 

La bataille de Dounqoulah

 

Le 6 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 686 de l’Hégire (1287), les émirs ‘Alim ad-Din as-Sanjar al-Masrouri, plus connu sous le nom de Khayat al-Moutawalli al-Qa’iri, et ‘Izz ad-Din al-Qourani marchèrent sur la Nubie à la tête d’un corps de troupes composés des différentes tribus des différentes provinces du sud de l’Égypte et des Qaraqoulami. Un message fut envoyé à l’émir ‘Izz ad-Din al-Damour as-Sayf as-Silah ad-Dar le gouverneur de Qous lui ordonnant d’accompagner les deux émirs avec les Mamalik du sultan stationnés dans la province de Qous, les troupes de la garnison de la ville et les tribus d’Abou Bakr, de ‘Omar, de Sharif, de Shayban, de Kanz, les Banou Hilal et autres. Khayat, à la tête de la moitié des troupes, prit la route longeant la rive occidentale du Nil et al-Dimour la rive orientale sur laquelle se trouvait la ville de Dounqoulah. Lorsque l’armée s’approcha de la frontière de la Nubie, le roi nubien Simamou organisa la défense du pays. C’était un homme rusé, perfide, et énergique. Il envoya un messager à son gouverneur Jourays, surnommé par les Nubiens Sahib al-Khayl, qui dirigeait les îles Mika’il ainsi qu’à ‘Amil Daw pour leur ordonner d’évacuer le pays ce qu’ils firent aussitôt, talonné de près par l’armée musulmane qui les suivit de station en station jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à Dounqoulah près du roi de Nubie qui sortit à la rencontre des musulmans. Cependant, au cour de la bataille qui s’ensuivit après une lutte acharnée ou un grand nombre de Musulmans périrent, il fut battu et perdit un très grand nombre de soldats.

Les Musulmans poursuivirent les Nubiens jusqu’à quinze journées de marche au-delà de Dounqoulah, rattrapèrent Jourays et le firent prisonnier avec le fils de la tante du roi, l’un des principaux personnages du royaume. L’émir ‘Izz ad-Din plaça sur le trône de Nubie, le fils de la sœur du roi et Jourays pour le seconder. Il envoya avec eux un corps d’armée et leur imposa un tribut qu’ils devaient payer chaque année avant de revenir en Egypte ramenant avec lui un butin considérable.

 

Le 4 du mois de Mouharram, il tomba tellement de pluie de pluie à Médine, la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) que le toit de la mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) s’écroula avec celui de la chambre sacrée. Un très grand nombre de maison s’effondrèrent et les torrents emportèrent un très grand nombre de palmiers puis, suite à ces destructions, un immense nuage de sauterelles faisant un bruit comparable à celui du tonnerre s’abattit sur les cultures qu’elles dévastèrent avec les branches de palmiers et les dattes. Les sources furent détruites par l’inondation et celle d’Azrak n’offrit plus qu’une eau salée et saumâtre.

 

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