ANDALOUSIA

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La révolte des saints martyrs 

En l’an 235 de l’Hégire (849) à Séville eut lieu une révolte singulière qui fut appelée dans l’histoire : la révolte des saints martyrs (shouhadah qaddissine).

 

Il existait en Andalousie un groupe de gens du pays qui restèrent sur le Christianisme mais qui apprirent la langue arabe en plus de leur langue habituelle romane d’origine latine d’où d’ailleurs est issu l’espagnol.

Ce groupe de gens qui étaient resté sur leur religion étaient connus sous le nom d’al-Mousta’ribin. L’apprentissage de la langue arabe avait permis un rapprochement entre eux et les Berbères et les Arabes conquérants mais un de leur prêtres (qassaous) fanatiques du nom de Rahib Ilokio détestait profondément les Musulmans et essayait, sans succès, à travers ses prêches inflammatoires d’empêcher les gens d’apprendre la langue.

 

Lorsque les Musulmans conquirent l’Andalousie, ils ne forcèrent pas les gens à abandonner leur religion et malgré cette liberté de religion certain fanatiques Chrétiens ne l’acceptèrent pas et voulurent allumer les feu de la révoltes en Andalousie.

Ce Chrétien andalou voyant ses efforts vains commença alors à attaquer l’Islam et se rebella à Cordoue, la capitale musulmane, rejoint par d’autres fanatiques. Ils avaient pour habitude d’aller dans les lieux publics, comme les mosquées et les marchés, ou ils se mettaient à insulter la religion islamique ou le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui). Les Musulmans les arrêtaient et leur demandaient de s’excuser, et comme ces fanatiques Chrétiens refusaient, ils étaient tués sur le champ.

 

Ces évènements durèrent un certain temps et en l’an 237 de l’Hégire (851), la majeur partie des Mousta’ribin craignirent les conséquences de ces fanatiques, particulièrement leur chef qui les poussaient à accomplir ses actes, et les désavouèrent à travers une conférence qu’ils organisèrent.

Néanmoins, un des partisans d’Ilokio, du nom de Perpecto, entra en discussion avec un musulman le jour de l’‘Id, et comme à chaque fois que les Musulmans remporte un débat théologique, il se mit ouvertement et violemment à insulter l’Islam et les Musulmans[2]. Ils tentèrent pacifiquement de le calmer et lui conseillèrent de se taire mais aveuglé par son fanatisme, il refusa et les Musulmans durent l’emmener chez le juge (al-qadi).

Le juge lui parla gentiment et lui expliqua qu’il froissait les Musulmans par ses actes et que si un musulman faisait cela, sa punition serait la mort. Perpecto ne voulut pas en démordre et s’entêta de plus belle en vociférant.

Le juge ordonna sa mise à mort et le mouvement de rébellion d’Ilokio prit de l’ampleur tandis que de plus en plus de fanatiques arrivaient à Cordoue. Ilokio envoya un nouvel homme qui a son tour, se mit à insulter l’Islam et les Musulmans. Et comme son prédécesseur, il fut gentiment conseillé d’arrêter puis comme il s’entêtait aussi il fut condamné à mort. Puis Ilokio envoya d’autres hommes les uns après les autres et tous furent tués et appelés par la suite : « les Saints Martyrs ».

Ce mouvement fut bientôt internationalement connu et pendant trois années la chrétienté se demanda que faire pour venir en aide à ses gens.

 

En l’an 238 de l’Hégire (852), Ilokio et ses fanatiques entrèrent dans la grande mosquée de Cordoue et saccagèrent l’intérieur. Al-Awsat ordonna la mise à mort de tous ceux qui avaient profané la mosquée.

Ilokio et ses complices firent courir la rumeur qu’ils avaient été injustement persécutés et toute la chrétienté soutint sa cause bien qu’ils aient mentis.

Al-Awsat trouva une intelligente solution pour mettre fin à cette révolte. Il fit annoncer dans toute l’Andalousie, la tenue d’une conférence commune entre les Chrétiens et les Musulmans et tous les religieux des deux bords furent conviés. Ils se réunirent à Cordoue et même al-Awsat vint à cette conférence et posa la question aux Chrétiens : « Soutenez-vous la cause des Saints Martyrs et voulez-vous en faire une division entre les Musulmans et les Chrétiens ? » Les religieux Chrétiens se consultèrent et décidèrent que cela n’était pas dans leur intérêt du fait de la large liberté religieuse et culturelle dont ils bénéficiaient. Ils décidèrent donc de ne pas soutenir la cause des Martyrs et l’annoncèrent publiquement dans toute l’Andalousie. Si bien que tout rentra dans l’ordre très rapidement et la révolte prit fin de cette manière. Cela démontra la sage décision de ‘AbderRahmane al-Awsat.

 

Durant la dernière partie du règne de ‘AbderRahmane al-Awsat, la situation se détériora d’abord dans le palais du gouverneur avant de se répandre au reste de l’Andalousie comme nous allons le voir.

Et c’est en général du palais de l’émir que naissaient les troubles, comme nous l’avons déjà vu dans l’Histoire des Omeyyades et des Abbassides, à cause du trop grand nombres de femmes qui finissaient par s’immiscer dans les affaires politique et de leurs luttes entre elles pour tenter d’imposer non seulement leurs enfants à la succession mais aussi leurs proches à des postes clefs. Et il en résultait ensuite que les frères s’entretuaient pour le pouvoir.

De même ‘AbderRahmane al-Awsat avait un grand nombre de femmes, de servantes et d’enfants qui complotaient dans l’ombre pour imposer leurs progénitures. L’une d’entre elles du nom de Taroub essaya d’imposer son enfant ‘AbdAllah pour qu’il devienne successeur à la place du fils ainé de ‘AbderRahmane, Muhammad Ibn ‘AbderRahmane. Lorsqu’elle faillit, elle complota avec Nasr, le chef des gardes du palais, pour empoisonner l’émir d’Andalousie ‘AbderRahmane al-Awsat et son fils Muhammad mais le complot fut découvert et tous ceux qui y prirent part furent exécutés en l’an 236 de l’Hégire (850), y compris Taroub et le chef des gardes.

 

Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat 

‘AbderRahmane al-Awsat gouverna l’Andalousie durant trente-deux années et décéda en l’an 238 (852), puisse Allah le Très Haut lui faire Miséricorde. Son fils Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat lui succéda et sous son règne l’Andalousie s’affaiblit considérablement et revint à ce qu’elle avait été précédemment : l’ère des royautés indépendantes.

Les historiens ont d’ailleurs appelé la période qui s’étend de l’année 238 de l’Hégire jusqu’à l’année 300 : « L’ère des états indépendants des Mouwallad » (‘asr douwaylat at-tawa’if al-mouwallad).

Dès les premiers jours du règne de Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat commença la désintégration de l’Andalousie.

 

Le premier à se rebeller et qui annonça son détachement du gouvernement central et son indépendance fut Moussa Ibn Moussa le gouverneur de Saragosse, la capitale du nord, et qui donna naissance à la dynastie des Bani Qassi.

A l’ouest avec les Banou Marwan al-Jiliqi, ‘AbderRahmane al-Jiliqi à Badajoz (batalios) annonça son indépendance avant de capturer Merida, la capitale de l’ouest.     Suivit la capitale du centre Tolède mais Muhammad leur envoya une armée qui mit fin à la révolte. Mais la ville resta en proie à d’autres tumultes jusqu’en l’an 244 de l’Hégire (858), soit cinq années, avant que Muhammad ne la frappe de nouveau avec force et que tout revienne en ordre.

Muhammad nomma un nouveau gouverneur berbère des Bani Zi Noun qui sitôt établit son contrôle sur la ville et bien qu’il fut envoyé par l’émir d’Andalousie, annonça son détachement du gouvernement central et proclama l’indépendance de Tolède.      

Les Berbères se déclarèrent aussi     indépendants à Jaén ainsi que les chefs arabes de la tribu des Lakhmi des Banou Hajjaj à Cordoue. ‘Id Ibn Joudi Sa’di fit de même à Grenade et ainsi une grande partie du pays sortit du contrôle de l’émir d’Andalousie

 

Les Normands Vikings informés de la situation en profitèrent et à bord de quatre-vingt navires se dirigèrent vers Algésiras (jazirat al-kadrah), débarquèrent sur l’île ou se trouvait la Mosquée historique des Etendards (masjid ar-rayat), construite par Moussa Ibn Noussayr qu’ils brûlèrent et détruisirent. Puis reprenant leurs navires, ils se dirigèrent vers le nord, attaquèrent le comté et prirent la capitale de Navarre faisant prisonnier son roi qui se libéra en échange d’une énorme somme d’argent.

Les Normands restèrent en Andalousie ou ils semèrent mort et destruction avant que Muhammad ne leur envoie une armée qui lors d’une épique bataille détruisit quarante de leur navires et les força à quitter l’Andalousie. Mais ils revinrent en l’an 247 de l’Hégire (861) à bord de soixante navires pour trouver cette fois les Musulmans prêts à les recevoir.

Les Normands perdirent quatorze de leurs navires lors de leur premier débarquement avant de mettre le cap une nouvelle fois au nord ou ils attaquèrent les Goths qui les attendaient aussi si bien qu’ils repartirent d’où ils venaient, les mains vides.

 

En l’an 248 de l’Hégire (862), un conflit eut lieu entre les Goths du comté de Leone et la région de Galice au nord-ouest et ceux du comté de Navarre au centre-nord tandis que les Francs se trouvaient au nord-est. Les deux comtés entrèrent en conflit et la guerre fut déclarée entre eux. Le Comté de Navarre sortit victorieux mais ne put capturer le Comté de Léone. Les deux états restèrent séparés et Garcia (gharciya) prit la tête du Comte de Navarre et c’est à partir de son règne que commencent réellement l’histoire du Comté de Navarre.

 

En l’an 252 de l’Hégire (865), Alfonsh III, surnommé le Grand, fut nommé nouveau gouverneur de Léone. Il élargit son état jusqu’aux pieds des Pyrénées et réorganisa la chrétienté hispanique.

 

 

 

[1] Tadmir veut dire destruction.

[2] C’est un fait que j’ai témoigné personnellement plusieurs fois.

 

 

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